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97. A Pas De Loup

Dernière mise à jour : 8 mai 2023

"Regarde-moi ça, c'est tout son père ! Un vrai beau gosse !" Chogan arrive avec Gregor dans le salon. Ce dernier a bien grandi et il est allé chez le coiffeur pour la première fois aujourd'hui.


- Coucou Gregor ! Tu es tout beau avec ta nouvelle coupe ! Mais qu'est-ce que c'est que cette moue boudeuse ?

- Il n'a pas du tout aimé aller chez le coiffeur. En entendant le mot « coiffeur », Gregor se blottit un peu plus contre son père.

- Là... C'est fini mon grand.


Je ne peux pas m'empêcher de sourire en voyant mon frère et son fils. C'est un père exceptionnel pour Gregor. Et comme pour confirmer mes dires, il se plie en quatre pour faire rire mon neveu, et très vite, le rire cristallin de Gregor envahit la pièce.

"Encore ! Pa' vion !" Chogan se met à courir dans le séjour avec Gregor sur le dos.


Plus tard, quand mon frère part travailler, je m'occupe de Gregor. Jacklyn finit à 17h, ce qui me laisse un peu plus de deux heures en tête-à-tête avec mon neveu. Je suis heureuse d'avoir retrouvé une vie plus calme, où je peux pleinement profiter de ma famille. D'ailleurs nous allions bientôt accueillir un ou un plusieurs bébés puisque tatie Dakota est enceinte !


Alors que j'apprenais à Gregor à faire sur le pot, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir et se fermer.

- Il y a quelqu'un ?!

- Dans la salle de bain Jacklyn ! Gregor s'agite sur son pot en entendant la voix de sa mère.

- Ma ! Ma !


Un large sourire illumine le visage de ma belle-soeur lorsqu'elle voit son fils. - Coucou mon loulou ! Tu viens dire bonjour à maman ?


Gregor se précipite vers sa mère. - Bonjour mon cœur. Tu m'as tellement manqué.


- Tu lui as manqué aussi. Surtout chez le coiffeur.


- Chogan m'a envoyé un SMS pour me raconter comment ça c'est passé. J'aurais tellement aimé être là... Nous allons dans la cuisine. - Tu as faim Séléné ? - Non merci. Je dînerais plus tard. On s'installe à table et Gregor se met à jouer avec la nourriture dans son bol aussitôt qu'il est servit.


- Il n'a pas seulement hérité des cheveux de son père, dit Jacklyn en souriant. - Apparemment non. Mais console-toi, le bol est toujours à sa place. - Pour l'instant ! Nous rions en choeur. - Alors dis-moi, comment ça se passe avec Julian ?


- Euh... Bien. On ne s'est pas revu depuis son arrivée mais on s'appelle et on s'envoie des SMS... - Et donc... Tu comptes venir avec lui à notre mariage ? Je me sens rougir. - Je ne crois pas non. Lui et moi... On est amis. - Et alors ? Vous pouvez venir ensemble en tant qu'amis.

- Oui mais non... Je bafouille. Je ne veux pas l'inclure plus que nécessaire dans la Meute tu vois... - Dans la Meute... Ou dans ton cœur ? Mon regard doit en dire long sur ma surprise car Jacklyn rigole.


- C'est bien ce que je pensais, tu en pinces pour lui. - Non ! C'est pas ça... C'est juste que... - Tu n'es pas insensible à son charme. Ni à la façon dont il t'a traité quand tu étais sous ta forme lupine.


Je dois vraiment arrêter de tout raconter à Jacklyn... - Bon d'accord, peut-être, mais ça ne change rien au fait que je ne veux pas d'un humain comme compagnon. Je finirais par tout gâcher... Tu as vu comment ça s'est terminé avec Théo ?!


- Tu ne vas rien gâcher du tout. Avec Théo c'était différent parce qu'il a été traumatisé par la mort de ses parents. Excuse-moi d'insister Séléné mais ce Julian a l'air de beaucoup t'apprécier aussi. Que ce soit sous ta forme humaine ou ta forme lupine. - Tu oublies un détail Jacklyn : Il ne sait pas que c'est moi la louve.


Plus tard dans la soirée, alors que je travaille sur mon pc, je reçois un SMS de Julian.


Plus tôt dans la semaine, nous avons convenu de nous retrouver au Marché de Noël de Brindleton Bay car nous avions encore quelques achats à faire. Sauf que ma discussion avec Jacklyn m'a chamboulé. Je voulais éviter tout contact avec Julian car, tôt ou tard, l'un de nous deux souffrirait... "Comme si ce n'est pas déjà le cas..." Je dis à voix haute. Bon d'accord j'exagère un peu.

J'ai peur.

Peur de souffrir, peur qu'on m'abandonne encore une fois... "Oh et puis merde !" J'ai vaincu un Vampire sanguinaire, affrontée ma sœur jumelle dans un combat à mort, survécu à un incendie, et je devrais avoir peur d'un humain qui ne me veut aucun mal ?! Je prend mon courage à deux mains et réponds :


Je ris.


On échange encore quelques SMS avant de se souhaiter une bonne nuit. Alors que je m'apprête à m'allonger, mon téléphone sonne. - Bonsoir Hota ! - Salut loupiote ! Comment ça va à Willow Creek ? - Plutôt bien. Et chez toi ? Tu as pu commencer les travaux ?


- Non... Cette foutue neige ne veux pas s'arrêter de tomber. - Tu ne pourras pas fêter Noël chez toi... - Non... Mais ce n'est pas grave, la Meute sera quand même réunie autour d'un bon repas, c'est l'essentiel. - Oui tu as raison.


- Et toi alors ? - Tatie Dakota tonton Rémi, leurs enfants et Andy viennent à la maison. Je ne voulais pas qu'elle passe Noël seule tu vois... - Malheureusement la vie éternelle n'a pas que des avantages. Tôt ou tard on voit partir ses proches... Bref ! On se voit toujours pour l'anniversaire de ton frère ? - Bien sûr !


___


Lorsque je rentre du travail, je trouve mon oncle, ma tante et mes cousins réunis dans le salon. Uma et Keme s'amusait avec leur cousin. Bien qu'un peu timide au début, Gregor finit par vraiment s'amuser.


C'est surtout grâce à Keme, qui lui a raconté une histoire tellement fascinante qu'il en est resté bouche bée et en a oublié sa timidité.


Je ne peux pas profiter de leur présence car je dois rejoindre Julian à Brindleton Bay. Je me change rapidement, j'embrasse tout le monde et avant de me mettre en route sous la tempête de neige. Heureusement, plus j'approche de Brindleton Bay, moins il neige. Quand j'arrive enfin sur le lieu de rendez-vous, je vois que Julian n'est pas encore là. Mais je n'attends pas longtemps avant que son odeur envahisse mes narines. Lorsqu'il apparaît enfin, mon pouls s'accélère.


- Salut Séléné ! - Salut. Tu vas bien ? - Ouais ! Et toi ? J'espère que tu n'as pas attendu trop longtemps.


- Non, je viens d'arriver. - Bon... Par quoi on commence ? - Par le café ? Je n'ai pas eu le temps de me restaurer après le travail alors... - Bien sûr, allons-y.


Une fois notre café en main, nous nous installons à une table. - Alors... Comment ça se passe à Oasis Springs ? Je demande pour entamer la conversation. - On a un petit contre-temps à cause de l'hiver mais ce n'est pas grave, ça nous laisse plus de temps pour préparer l'arrivée des végétaux. - Je croyais qu'à Oasis Springs il ne neigeait jamais, ou très peu. - Il ne neige pas mais les températures sont trop basses par rapport à celles de Selvadorada. Les fleurs auraient très peu de chance de survivre à cause du choc thermal.


Il boit une gorgée de café avant de demander : - Et toi alors, tu te plais dans ton nouveau travail ? - Oui mais ce n'est que temporaire, le journalisme ne m'intéresse pas plus que ça. Enfin... Ce n'est pas vraiment du journalisme... C'est juste des chroniques...


Comme je l'ai précisé à Julian, rédiger des chroniques n'est pas quelque chose que je voulais faire sur le long terme. Ce boulot me sert uniquement à payer les factures. - Ce que j'aimerais, c'est devenir auteur. Mais je dois d'abord faire le vide dans ma tête, trouver l'inspiration et... Aller de l'avant. - Ne t'en fais pas, je suis certain que tu y arriveras. À mon tour, je bois une gorgée de café. - Parlons d'autre chose tu veux bien ?


Il a remarqué mon changement d'humeur car il dit : - Tu sais que tu peux me faire confiance Séléné, n'est-ce pas ? Si quelque chose ne va pas ou si tu as besoin de parler... - Tout va très bien ! Je réplique, un peu brusquement.


Aussitôt la culpabilité m'envahit. Je soupire. - Excuse-moi Julian, je ne voulais pas être aussi brutale. - Je ne sais pas ce qu'il s'est passé pour que tu éprouves une telle réticence à te confier, ou même, à t'approcher de moi, mais sache que je ne suis pas du genre à fuir. Il est bien trop intelligent pour ne pas s'être rendu compte que je ne veux pas qu'une certaine... Proximité s'installe entre nous. Et pourtant, j'ai envie de croire ce qu'il dit. Je peux sentir sa détermination et sa sincérité. - Ecoute Séléné, je te propose un truc : laissons nos démons de côté pour aujourd'hui et amusons-nous. Noël approche, alors pourquoi ne pas en profiter ? Pour le reste, on verra plus tard.


- Toi aussi tu as des démons ? Je ne peux pas m'empêcher de demander. Son sourire disparait aussitôt. - Mes parents m'ont eu très jeune et ils m'ont toujours fait comprendre qu'à cause de moi, ils n'ont pas pu avoir la vie dont ils rêvaient. Pour être tranquille, ils m'ont envoyé en internat, je ne revenais à la maison que les week-ends...


- Je ne savais pas Julian, tu n'es pas obligé... - Non, je tiens à ce que tu saches. Bref, à chaque fois que le week-end approchait, j'en étais malade. Je savais que j'allais avoir droit aux reproches et aux méchancetés... Mes parents ne supportaient pas de me voir réussir à l'école tu comprends ? Mais plus je grandissais, moins je rentrais à la maison. À la place, j'errais à droite à gauche... C'est à ce moment-là que j'ai commencé à m'intéresser de plus près à la Nature et à ses trésors. J'étais seul, je me sentais bien... Vivant.


- Et tu as choisi d'en faire ton métier, j'en conclus, bouleversée par son récit. - Exactement. Mais pas question de rester enfermer dans un labo, je voulais observer sur le terrain. J'avais besoin de ce contact avec la Nature... Peu à peu, je me suis fait un nom dans le milieu et on faisait de plus en plus appel à moi pour des conseils, des infos... Ou pour des expositions, comme à Oasis Springs. - Tu es le lien entre l'Homme et la Nature.


- On peut dire ça comme ça, il dit en souriant. Mais attention, avant d'accepter un travail, une mission, appelle ça comme tu veux, je m'arrange toujours pour que mes petits bébés se sentent le mieux possible dans leur nouvel environnement.



Mon Dieu, je suis fichue... Comment rester indifférente face à un homme aussi passionné et aussi attendrissant que Julian...? Lui aussi a vécu des choses difficiles et pourtant, il n'a jamais cessé d'avancer. - Merci de m'avoir raconté tout ça Julian, vraiment. Ça n'a pas dû être facile pour toi... - Je t'apprécie beaucoup Séléné, et je sais que je peux te faire confiance.


Nous terminons nos cafés en silence. - Est-ce que... Ta proposition de profiter de l'instant présent tiens toujours ? Je demande timidement. Je n'ai pas eu beaucoup l'occasion de m'amuser ces dernières années alors...


- Évidemment ! Est-ce que tu as déjà patiné sur de la glace ? - Euh... Non. - Ça tombe bien, moi non plus !


♦♦♦


Une chose est sûre : Julian et moi ne sommes pas doués pour le patin à glace, c'est le moins qu'on puisse dire !


- Finalement, je crois que ce n'était pas une si bonne idée ! - Non ?! Tu crois ? J'ironise avant de rire.



Avant de nous casser quelque chose, nous avons laissons tomber le patin pour aller voir les merveilles que vendaient les marchands.

"Wouah regarde tous ces jouets ! Si mon neveu voyait ça...!"


J'avais déjà acheté des jouets à Gregor mais en voyant les petits trains, je ne peux pas résister.


Je passais un très bon moment avec Julian. J'avais décidé de lâcher prise et de mettre mes craintes de côté pour m'amuser. Ça faisait si longtemps que je n'avais pas ri comme ça !


À un moment, nos mains se frôlent alors que nous marchons côte à côte. Quand il attrape la mienne, mon cœur s'emballe de nouveau. Nos regards se croisent et quelque chose passe entre nous.


Alors que nous terminons nos achats, quelque chose attire mon attention. - Oh un photomaton ! Viens on va se faire prendre en photo ! - Je ne suis pas vraiment fan des photos tu sais, il dit, un peu réticent.


Mais il entre malgré tout avec moi. - Allez, fais un joli sourire Julian. - J'essaye ! Je m'approche de lui et passe son bras autour de mes épaules en lui souriant pour essayer de le mettre à l'aise. Les photos sont vraiment réussies et en fin de compte, il s'est amusé autant que moi.


Nous finissons la soirée en nous amusant dans la neige. Julian fait un ange de neige avant de m'aider à faire un bonhomme de neige.


"Oh mon Dieu, c'est quoi ça là-bas ?!" Je m'exclame.


Julian se retournant, j'en profite pour prendre une poignée de neige.


- Je ne vois rien Sélé...


- Hahaha !!! Après avoir recraché et essuyé la neige sur son visage, il s'accroupit pour prendre de la neige à son tour. - Ça, tu vas me le payer Séléné Wolf !


On entame une bataille de boules de neige en riant aux éclats comme des enfants.


Je ne me suis jamais sentie aussi bien.


Les choses paraissent tellement simples en compagnie de Julian. Cet homme est dangereux pour moi, pour mon cœur... Je suis tellement distraite par mes pensées que je ne contrôle pas la force et la vitesse à laquelle je lance ma boule de neige.


Julian la reçoit dans le ventre. Il se plie en deux avant de s'écrouler au sol. "Merde Julian ! Je suis désolée !" Je me précipite vers lui, paniquée. Avec ma force plus élevée que celle d'un humain, il devait souffrir. - Est-ce que ça va ? Tu es blessé ?!


- Je crois que... Je survivrais. Sans que je m'y attende, il sourit. - Tu jouais la comédie ?! Je m'exclame, à la fois choquée et soulagée.


- Un peu j'avoue. - Idiot ! Je me relève brusquement. Une fois debout, il dit : - Attends Séléné, c'est moi qui suis désolé, je ne voulais pas t'inquiéter. Juste me venger de tout à l'heure... Je me retourne et constate qu'il est vraiment très près de moi. - Tu es un vilain farceur Julian Bencomo.


- Est-ce qu'on t'as déjà dit que tu avais des yeux magnifiques ? Il dit, le plus sérieusement du monde. - Tu penses t'en sortir avec des compliments ? - Peut-être... Est-ce que ça fonctionne ?


- Peut-être... Je chuchote à mon tour en baissant les yeux vers ses lèvres qui, je dois l'avouer, sont très tentantes. Le temps semble suspendu, je n'entendais rien d'autres que nos souffles mêlés et les battements irréguliers de mon cœur. Je crois même percevoir celui de Julian... - Séléné... Il pose ses mains sur mes hanches et son contact, bien qu'étouffé par nos couches de vêtements, m'électrise.



Je voulais savoir ce que ça faisait d'embrasser Julian. Je voulais me perdre dans ses bras et voir où tout ça nous mènerait. Je voulais me sentir aimé à nouveau, tout simplement.


Mais... "Tout ça va trop vite Julian, laisse-moi encore un peu de temps s'il te plaît."


Je ne peux pas m'engager dans une relation avec lui tant que je ne suis pas absolument certaine qu'il m'accepte telle que je suis. Il pose son front contre le mien. - Il y a des choses que tu ne sais pas à mon sujet... Des choses importantes que tu dois savoir... Mais je ne suis pas prête. Je veux être sûre que tu ne fuiras pas une fois que tu sauras... - D'accord, j'attendrais. Je t'attendrais. - Merci Julian.


Il me sourit avant de me lâcher.

- Le marché va fermer, on ferait mieux d'y aller. - Oui. Nous marchons en silence et à une distance respectable. Son contact me manque déjà... Alors je m'approche timidement de lui et glisse mon bras autour de sa taille. Il n'hésite pas une seconde à passer son bras autour de mon cou pour m'attirer encore plus contre lui.


- Mon frère se marie bientôt et je me demandais... Est-ce que... Tu voudrais m'accompagner ? Je demande sans réfléchir. Il me sourit. - J'en serais honoré.


Finalement Jacklyn est parvenue à ses fins... Et elle a raison sur toute la ligne : j'en pince pour Julian, et pas qu'un peu.

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