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107. Célébrer la Vie

Dernière mise à jour : 11 janv. 2023

Les choses sont rapidement revenues à la normale dans notre foyer. Chogan a tout fait pour se faire pardonner auprès de Jacklyn qui, j’en suis persuadée, a fait exprès de faire traîner un peu les choses pour faire suer mon frère. D’ailleurs celui-ci s’était également excusé auprès de moi pour avoir mal parlé de Julian.



- Je te connais par cœur frérot, je sais très bien que tu n'avais pas de mauvaises intentions et puisque vous en avez discuté et que tout est réglé, c’est ok pour moi.

Soulagé, il m’avait serré dans ses bras afin de me remercier avant de plaisanter :

- Dis surtout que c’est impossible pour toi de m’en vouloir tellement je suis adorable.


J’avais levé les yeux au ciel, peinant à retenir un sourire.

- Tu vas être en retard pour le boulot Chogan…

Il avait éclaté de rire avant d'aller se préparer.

Et puis si Jacklyn lui en voulait encore, ce qu’il avait prévu pour son anniversaire aujourd’hui achèverait de la convaincre. Non seulement mon frère avait confectionné lui-même le gâteau préféré de Jacklyn, mais il avait en plus prévu de l’emmener dîner en tête-à-tête en ville, chose qui n'était pas arrivée depuis ce qui semble être une éternité. Sans oublier un week-end dans un spa.



Mais d’abord, nous allions célébrer cela tous ensemble dans un bar à karaoké à San Myshuno.



Alors que tout le monde s'amuse et passe un bon moment, je remarque à plusieurs reprises qu'Andy reste à l'écart, le visage fermé.

Pourtant elle s'était réconciliée avec Chogan, ils avaient même fait le show pendant le karaoké.



Est-ce qu'il s'était passé quelque chose entre deux ? Est-ce qu'elle se sentait exclue ? Ou y avait-il une autre raison ?

Au moment où elle quitte la pièce où nous nous trouvons tous, je la suis discrètement jusqu'à une salle de karaoké privée vide. A travers la paroi vitrée, je la vois relâcher ses épaules, comme si tout le poids du monde venait tout à coup de lui tomber dessus.

Ne supportant pas de voir mon amie ainsi, je la rejoins.

Aussitôt qu'elle me voit, elle se ressaisit et arbore un sourire qui se veut avenant mais ses yeux trahissent sa détresse. Ainsi que son odeur.



- Toi aussi tu avais besoin d'un peu de calme ? Je demande, comme si je n'avais rien remarqué.

- Ouais ! Les amateurs de quilles allaient me rendre dingue !

- Hahaha j'avoue qu'ils ne sont pas très discrets.



- N'empêche, la fête que tu as organisé est une réussite.

- Alors pourquoi tu es triste ? Je la questionne, rentrant dans le vif du sujet.

- Je ne...

- Pas à moi Andy, je la coupe. Je t'ai observé toute la soirée et tu sais bien que j'ai un odorat digne d'un limier, j'ajoute, une pointe d'humour dans la voix pour ne pas la braquer comme mon frère l'avait fait.



Elle est tentée de nier mais s'abstient rapidement en voyant mon regard déterminé.

- D'accord c'est vrai qu'il y a quelque chose que je dois vous dire à toi et à la Meute... Mais pas aujourd'hui. Je ne veux pas gâcher l'anniversaire de Jacklyn avec mes histoires.



C'est grave à ce point ?

- Hé bien nous sommes seules dans cette pièce insonorisée et tout le monde semble occupé à danser et à manger, du coup si tu as envie de te confier...

Je laisse ma phrase en suspens, lui laissant le choix de me couper et de m'envoyer sur les roses, ou de réfléchir à mon invitation.

Je ne sais pas si c'est mes mots ou le poids des secrets qui la ronge depuis plusieurs semaines qui pèse trop lourd aujourd'hui, mais elle finit par dire :

- Je vais devoir quitter la ville à la fin de la semaine pour... affaire si je puis dire.

- Ah... Et tu reviens dans combien de temps ?

Elle ose enfin me regarder et sa réponse me brise le cœur :

- Probablement jamais.



Incrédule, je répète bêtement : « Probablement jamais » ?

Elle soupire, complètement abattue.

- Et merde pourquoi j'ai dit ça...

- Non tu as bien fait de me le dire ! Mais, tu es vraiment obligée de... Je veux dire... Pourquoi ?



La question est simple, mais apparemment les réponses elles, le sont beaucoup moins.

- Je t'en supplie Séléné, ne me pose pas de question car je ne pourrais pas te donner les réponses.

Bien que la curiosité me ronge, je n'insiste pas. Néanmoins, je demande pour être sure :

- Ce n'est pas à cause de ce que Chogan a pu dire ou faire, ou même à cause de la Meute que tu pars ?



- Absolument pas. Je vous adore toi, ton frère, tous les membres de la Meute, et je sais que c'est réciproque malgré certaines querelles, me dit-elle avec un faible sourire. Mais je dois le faire. Je ne sais pas si c'est les hormones, les paroles d'Andy, le fait d'imaginer la détresse de Chogan quand il l'apprendra ou les trois à la fois, mais je fond en larmes.

- Non Séléné arrête sinon je vais craquer aussi et j'aurais l'air d'une morte-vivante avec mon mascara non waterproof dégoulinant sur mes joues... Oh wait !

Entre deux sanglots, je pouffe de rire. Andy en profite pour glisser un bras autour de mes épaules avant de me serrer contre elle.

- Allez sèche tes larmes jolie louve, sinon ton frère va me tailler en pièce et comme je l'ai dit, j'aimerai éviter un bain de plasma le jour de l'anniversaire de sa dulcinée.


Nous restons encore dans la pièce quelques minutes afin de retrouver nos esprits et une certaine contenance.

Une fois prêtes, nous rejoignons nos proches pour continuer de faire la fête.



La dernière d'Andy à nos côtés...

♦♦♦


Après la fête, qui s'est finie très tard, tout le monde est directement allé se coucher pour ne pas se réveiller avant midi... Voir 13 heures.

C'était également mon intention mais à 4h53 précise, une sensation étrange au niveau de mon bas-ventre et de mes jambes me réveille.

Une douleur fulgurante me traverse lorsque je soulève la couverture pour constater que les draps sont humides.



- Julian.... Julian réveille-toi.

En guise de réponse, il émet un grognement endormi.

- Julian ! Je crie un peu plus fort.

- Hmm... C'est déjà l'après midi ? Marmonne ma moitié.

- Je crois que le bébé arrive.

- Un bébé ? Quel...

Plutôt que de finir sa phrase, il ouvre grands les yeux et se redresse brusquement.

- Le bébé arrive ?!

- Oui, il faut qu'on...

- J'appelle ta tante me coupe Julian en sortant du lit à toute vitesse. Tu crois que je dois réveiller Chogan et Jacklyn ?

- Je...

- … Oui bien sûr qu'il faut les réveiller, je suis con !



Si un jour on m'avait dit que je verrais Julian pris de panique, je ne l'aurais jamais cru ! Comme quoi Andy avait vu juste quand on en avait discuté il y a quelques semaines.

- Détends-toi mon cœur, si tatie Dakota te vois dans cet état tu seras privé d'accouchement comme Chogan avec Jacklyn.

Horrifié par cette idée, il inspire et expire à plusieurs reprises pour se calmer. Julian avait insisté auprès de ma tante pour être à mes côtés lors de l'accouchement. Elle avait accepté uniquement parce qu'elle savait que mon homme était la sérénité incarnée.

Enfin sauf quand sa future femme était sur le point d'accoucher...


- Ok ok dit-il, je t'emmène dans l'autre pièce pour que tu puisses t'allonger, ensuite j'appelle ta tante et après, j'irais réveiller ton frère et Jacklyn.

- Ca me semble bien comme plan.

Si je n'avais pas aussi mal, j'aurais éclaté de rire devant ce spectacle hilarant mais absolument adorable de Julian. Le petit louveteau a décidé qu'il est temps pour lui de découvrir le monde et pas plus tard qu'aujourd'hui, il me le fait bien comprendre !



♦♦♦



~ CHOGAN ~


- Je comprends mieux pourquoi Dakota ne voulait pas que tu sois avec moi quand j'ai accouché.

- Excuse-moi d'être inquiet pour les femmes de ma vie bébé !



Nous sommes réunis dans le salon Jacklyn,Gregor, oncle Rémi, Keme, Hota et moi pendant que Julian, tatie Dakota et Uma, qui avait lourdement insisté d'ailleurs, accompagnent Séléné durant son accouchement. Et comme pour ma femme adorée je ne tiens pas en place, ce qui semble beaucoup l'amuser.

- Et dire que j'ai loupé ça quand tu as accouché Jackyn, je me sens deux fois plus coupable de ne pas avoir été là plaisante Hota.

- C'est ça, fous toi de moi aussi !

- Je vais pas me gêner mon grand.


Devant le large sourire d'Hota, Jacklyn éclate de rire. Je grommelle et lève les yeux au ciel. A cet instant, j'envie mon fils qui dort comme un bébé la tête posée sur les genoux de sa mère.



Comment ils faisaient tous pour rester aussi calme bon sang ?! Même Julian avait l'air parfaitement calme quand je l'avais aperçu la dernière fois qu'il était sorti de la « salle d'accouchement », une pièce temporaire qu'on avait aménagé spécialement pour Jacklyn et Séléné, pour aller manger un morceau.

Apparemment c'est tatie Dakota qui avait insisté, elle ne voulait pas avoir à gérer un malaise à cause d'un estomac vide, en plus d'un accouchement.

Heureusement qu'Andy n'est pas là, sinon elle aussi se serait foutu de ma gueule, encore une fois. "Allez viens t'asseoir chéri, faire les cent pas ne fera pas accoucher Séléné plus vite."

Si seulement...

Je rejoins Jacklyn sur le canapé et immédiatement elle me prend la main.



Elle me caresse le dos de la main avec son pouce et ce simple geste répété arrive à m'apaiser... Jusqu'à ce que ma sœur crie.

- Nous y voilà sourit affectueusement Hota.

- Vous entendez ce qu'il se passe ? Demande Jacklyn, curieuse.

J'essaye de me concentrer pour parvenir à entendre les voix venant de l'étage. Chose impossible à faire quand c'était Jacklyn tant j'étais agité. Il y a du progrès quand même !


« … Expire ma puce, voilà c'est...

- Tu... à merveille... ma Luvia.

- Grave, tu gères Séléné !

- … On recommence à 3. 1... 2... »


- Elle est en plein travail d'après ce que j'ai pu percevoir je dis. Tout se passe bien pour l'instant.

- Tu vois, elle est entre de bonnes mains chéri.

- Je sais oui, mais j'ai toujours peur...

- Je comprends.

Pas besoin d'en dire plus, ma femme sait que je suis effrayé à l'idée que les choses tournent mal pour l'un des membres de ma Meute, peu importe les circonstances.



Durant un moment, on entend plus rien puis de nouveau Séléné crie.

- Vous êtes tellement courageuses mesdames dit Hota.

Jacklyn sourit.

- La nature est faite ainsi. Et puis c'est pour la plus belle des raisons, alors la souffrance est secondaire.

- C'est bien ce que je dis, vous êtes des guerrières. Surtout quand il s'agit d'enfant.



- Je pense que c'est pareil chez les hommes, beaucoup seraient prêts à mourir pour leurs enfants. Et je ne parle même pas des Lycanthropes mâles qui sont hyper protecteurs, je sais de quoi je parle je vis avec l'un d'entre eux plaisante ma femme en me regardant.

- C'est normal, c'est mon devoir de vous protéger.


Et je ne dis pas ça parce que je suis un putain de macho qui pense que la femme est inférieure à l'homme et qu'elle ne peut pas se défendre tout seul, mais parce que Jacklyn est humaine et en acceptant de m'épouser, elle a également accepté d'entrer dans mon monde. Un monde dangereux rempli de prédateurs.

- Et tu le fais très bien chéri. Elle m'embrasse la joue avant d'ajouter, taquine : « Même si parfois tu exagères.»

Je m'apprête à répliquer quand des pleurs reconnaissables entre mille se font entendre. Ceux d'un nouveau-né.

- Ca y est, je suis tonton !! Je m'exclame en bondissant du canapé.

Uma vient nous confirmer la nouvelle quelques minutes plus tard.

- C'est un garçon ! Il est trop beau et Séléné... Wow elle a été géniale ! Et Julian punaise, je veux le même quand je serais grande, il est adorable ! Et maman elle a...



Ma cousine n'arrête pas de parler mais comment lui en vouloir ? Elle vient d'assister à la plus belle des expériences et elle a besoin de la partager avec tout le monde.

C'est avec un large sourire et le cœur rempli de joie que je vais rejoindre ma sœur, mon futur beau-frère et ma tante pour faire la connaissance de mon neveu.


♦♦♦


~ SELENE ~


- Il est si petit.

- On voit que ce n'est pas toi qui l'a mis au monde mon coeur ! Mais oui tu as raison, c'est un petit ange.



Tatie Dakota et Uma avaient quitté la pièce pour nous laisser un peu d'intimité à Julian et moi. Je suis exténuée mais aucun mot ne peut exprimer ce que je ressens pour ce petit être qui repose dans mes bras.

Et quand je regarde Julian, je lis la même chose dans ses yeux.

- Tu veux le prendre un peu ?

- Je n'attendais que ça sourit Julian. Il prend notre fils le plus délicatement possible, comme s'il était fait de porcelaine.

J'admire la vue des deux hommes de ma vie et une forte émotion m'envahit. Après toutes ces années de souffrance et de peine, j'avais enfin le sentiment d'être heureuse.



Tout ça grâce, en grande partie, à l'homme qui se tenait en face de moi et me regardait d'un air interrogateur.

- Excuse-moi, je n'ai pas entendu ce que tu as dit.

- Je crois que ton frère et à deux doigts de commettre un meurtre si on ne le laisse pas entrer pour qu'il puisse voir son neveu préféré et sa sœur préférée.

Je ris.

- Dans ce cas, ne le faisons plus attendre.


Moi aussi j'ai hâte qu'il rencontre mon petit trésor, Rohan.

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