75. Le Cycle De La Vie

Chogan fait la joie de toute la famille. C'est un bébé très souriant qui ne pleure jamais. Jacy est complètement gaga de son fils et tellement fier de le présenter à Hota.

- C'est un beau gaillard ! C'est tout ton portrait. - Ouais c'est ce que Nokomis dit. Il a mes yeux. Je ne suis pas présente car je travaille, mais je suis certaine qu'Hota est ému de voir son fils adoptif devenir père.

Malheureusement, ces moments de bonheur ne durent pas longtemps... - Ma chérie tu vas bien ?

Maman grimace et ne répond pas. Pour la première fois depuis qu'il est né, mon fils se met à crier et pleurer. Je comprend tout de suite compris ce qui se passe. "Maman !" Je crie en me précipitant vers elle quand elle s'écroule par terre.

Mais on ne peut rien faire... C'est son heure. C'est en pleurs qu'on regarde la Faucheuse emporter le corps de maman.

Dakota et moi sommes inconsolables et papa, anéanti.

Tatie Toundra, qui est présente, essaye de consoler papa mais elle est aussi bouleversée que nous.

Plus tard dans la soirée, alors que je pleure dans ma chambre. Jacy me rejoint pour me soutenir. - Elle ne verra même pas son petit-fils grandir... Je sanglote. - Ne pleure pas mon coeur, je suis certain qu'elle reviendra vite nous voir, tout comme le font tes ancêtres.

- Je sais... Mais elle me manque déjà tellement. Et j'ai de la peine pour papa... Jacy passe une bonne partie de la nuit à me réconforter. Il ne me quitte que pour aller donner le biberon à Chogan.

Les semaines suivantes sont difficiles pour nous tous.

Papa consacre énormément de temps à son petit-fils, ses sourires doivent certainement lui réchauffer le coeur.

Quand il n'est pas avec lui, il s'occupe du potager comme il le faisait avec maman, il répare tout et n'importe quoi dans la maison et il aide ma soeur dans ses projets scolaires.

Depuis la mort de maman, elle s'est renfermée sur elle-même et ne sort pas beaucoup. J'ai essayé de lui en parler, mais elle dit que ça va et que les gens de sa classe ne l'intéressent pas.

Heureusement, elle s'entend bien avec les autres filles de la Meute, elles ont quasiment toutes le même âge qu'elle.

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~ DAKOTA ~

Nokomis s'inquiète pour moi, mais je vais bien... Même si j'ai du mal à me remettre de la mort de maman.

Quand elle était encore là, elle me rassurait quand je me posais des questions sur moi. Est-ce que j'allais moi aussi muter ? Est-ce que ça serait comme Nokomis ou alors ça sera plus facile ?

Je n'ose pas en parler à ma soeur... Je ne veux pas l'embêter avec ça. Elle a déjà beaucoup à faire avec ses responsabilités d'Alpha et Chogan.

Et papa est tellement affaibli... Et puis, c'est pas parce que je ne me transforme pas que je ne suis pas un loup-garou, si ? Nos ancêtres ne se transformaient pas tous après tout. Mais ils avaient tous quelque chose de spécial. Moi je suis... Banale. Je n'ai aucun don, je ne suis pas douée pour tout ce qui est physique. Bref, j'ai l'impression de ne pas être à ma place. Les filles de la Meute râlent quand je parle comme ça. "Mais arrête Dakota, tu es comme nous ! T'as rien d'une humaine."

Ca c'est Sonny, celle qui est debout. A côté de moi c'est Layla et la petite c'est Alice.

"Nous non plus on ne se transforme pas encore, et peut être que ça n'arrivera jamais. Mais on reste malgré tout des louves, avec des capacités que les humains n'ont pas."

La fille avec des mèches c'est Caroline, la demi-soeur de Layla, et à côté d'elle c'est Marie, la demi-soeur de Sonny et la plus âgée de nous tous. - Moi je suis 100% humaine et pourtant, je me sens plus Loup-Garou. En effet, la mère de Marie avait épousé un membre de notre Meute mais elle avait eu Marie avant de le rencontrer. A ce moment là Marie était encore un bébé, ce qui fait qu'elle a grandi parmi nous. - Vous avez peut-être raison... je me prends trop la tête avec ça. - Et puis tes parents sont tous les deux des Loups-Garous contrairement aux nôtres. Si quelqu'un doit se poser des questions, c'est nous, plaisante Layla.

De retour à la maison, Nokomis me demande si je n'ai rien à lui dire. - Si tu me le demande, c'est que tu le sais déjà.

L'inconvénient d'avoir une soeur clairvoyante.... - Oui... Ma puce tu es toi aussi un Loup-Garou, avec ou sans don. Et puis tu sais, ce n'est pas toujours agréable d'être comme je suis, ou comme Jacy. A ton âge je n'avais qu'une envie : être la plus normale des Loups-Garous.

- Je me souviens que c'était difficile pour toi et que tu as souffert... Ne t'inquiètes pas pour moi, ça va passer. J'ai juste besoin de trouver ma place.

- Je m'inquiéterais toujours pour toi, tu es ma petite soeur adorée. Tu n'as pas... Un bruit venant de l'étage coupe court notre conversation. - C'est Chogan ! On court jusqu'à l'étage et en ouvrant la porte, un petit garçon nous regarde avec ses grands yeux verts.

- Qu'est-ce que tu as fait comme bêtise demande Nokomis, plus gaga qu'en colère. - C'est vraiment tout Jacy. - Viens là mon grand. Tes cheveux sont si longs... On va te les couper, ça va te gêner remuant comme tu es. Je laisse mes états d'âme de côté pour aider ma soeur.

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~ NOKOMIS ~

Comme je dois aller travailler, c'est Jacy qui s'occupe de Chogan. Il avait été recruté dans l'équipe locale de basket et il ne va pas à l'entraînement avant 14h. Notre fils est très espiègle et ne manque pas une occasion de faire des bêtises, mais nous ne le laissons pas faire. "Chogan, on ne joue pas avec la nourriture."

Et quand on le rappelle à l'ordre, monsieur boude.

Il s'entend vraiment bien avec son papy Falkor. Mon père lui a acheté une piscine à balles et un toboggan, Chogan adore jouer avec les balles et en balancer un peu partout dans le jardin.

Papa retrouvait le sourire grâce à lui, ça me fait tellement plaisir de le voir comme ça. Le soir, je lis une histoire à mon fils pour l'aider à s'endormir car il ne veut pas rester couché.

Dans mon dos, je sens une présence. Apparemment, j'ai un auditeur en plus.

Une fois Chogan dans les bras de Morphée, nous quittons la pièce. Jacy m'embrasse. - Bonsoir ma beauté.

- Ca c'est bien passé l'entrainement ? - Ouais, même si je dois toujours faire attention à contrôler mes faits et gestes pour pas éveiller les soupçons. Et toi, ça a été avec le petit ? - Il est toujours difficile à faire manger mais dans l'ensemble, ça a été. - Ca fait longtemps qu'on s'est pas retrouvé rien que tout les deux, ça te dirais de passer la journée en tête-à-tête demain ? Nous avons notre jour de congés le même jour, ça tombe à pic. - Et tu proposes quoi comme activité ? Je l'interroge, en souriant. - Balade en forêt sous forme de loup, baignade dans une rivière, et au soir, un petit dîner en amoureux. T'en dis quoi ? - J'en dis que j'ai hâte d'être à demain.

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Nous avons passé une excellente journée Jacy et moi. Ca fait tellement du bien de pouvoir gambader librement et s'oxygéner un peu, loin du quotidien. Ma louve, qui se manifeste très peu ces derniers temps, a savouré ce moment. L'après -midi laisse lentement place au début de soirée quand nous arrivons au restaurant. Jacy avait réservé une table dans un restaurant absolument charmant.

- C'est tellement beau ici. - C'est Hota qui m'a appris l'existence de ce resto. Il y a déjà emmené Toundra.

- Il est plein de ressources ! Merci pour cette journée, depuis la mort de maman je n'ai pas beaucoup soufflé, ni profité de toi comme je l'aurais voulu.

- T'en fais pas, on va prendre le rythme et après ça ira tout seul. Lui qui avait peur de ne pas être à la hauteur... C'était maintenant lui qui me soutenait et m'épaulait, avec Chogan, mais aussi avec les soucis du quotidien. - Pourquoi tu m'regarde comme ça ? Il demande.

Je souris.

- J'étais en train de penser à toi, tu assures en tant que papa et en tant que chéri. - J'essaye en tout cas. Comme il a l'air mal à l'aise, je change de sujet. "Et si on commandait ?"

Pendant le repas, nous discutons et plaisantons tout en dégustant les plats qui sont délicieux.

- Il faudra remercier Hota d'avoir trouver ce resto parce que c'était divin. - Ouais. Si t'as fini on va payer l'addition, j'ai une surprise pour toi. Une surprise ? Qu'est-ce que ça pouvait être ? C'est avec une certaine impatience que je suis Jacy. Une fois qu'il a payé, il m'invite à le suivre. Il prend ma main et à peine avons nous franchi une porte mystérieuse que je suis éblouie par les jets d'eau lumineux. - C'est... Magique. - Je savais que ça te plairais. Il y a un banc là-bas, on y va ? Nous nous asseyons et je me blottie aussitôt contre Jacy. Face à nous, des jets d'eaux lumineux fusent de partout.

- Je pourrais rester là des heures. - Et je pourrais te serrer dans mes bras pendant des heures. Je souris. "Tu es prête pour ta surprise ?" - C'était pas les jets d'eau la surprise ? - Non. Nous nous levons puis il me lâche pour se planter devant moi. - Nokomis, tu es celle qui fait battre mon coeur depuis la première fois où nos regards se sont croisés. Chaque jour à tes côtés est un jour béni.

"Tu m'as offert plus que ce que j'attendais de la vie : ton amour, ta foi en moi, un fils...."

"Je t'aime, plus que tu ne peux l'imaginer et j'aimerais que tu deviennes ma femme. Pour l'éternité."

Il me présente la plus belle bague que j'ai jamais vu. Mes yeux se remplissent de larmes.

"Oh Jacy..." Je murmure, en prenant délicatement la bague. "Je t'aime tellement... Bien sûr que je veux être ta femme."

Nous nous embrassons pour sceller notre future union.

Je suis comblée, c'est la plus belle demande en mariage... Je suis encore plus heureuse de ne pas l'avoir vu venir. Enfin... Pas aussi clairement. Mon Jacy... Il me surprendra toujours. Et c'est l'une des choses que j'aime le plus chez lui.

Mais ce que je ne savais pas à ce moment-là, c'est que papa n'allait pas assister au mariage.

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Je suis en train de prendre mon petit déjeuner avec papa et Chogan, et comme à chaque fois qu'il doit manger, mon fils joue avec sa nourriture avant de la jeter par terre.

- Chéri, je t'ai déjà dit de ne pas faire ça avec ta nourriture !

- Ze veux pas ça !

- Papa... Je sais pas quoi faire pour qu'il mange. T'as une idée ? Papa ? Mon père se lève, gémit, avant de s'écrouler par terre.

Je me précipite aussitôt vers lui. "Papa ! Papa non !"

Chogan se met mis a pleurer, comme lorsque maman s'est éteinte.

Papa s'en va à son tour... "JACY ! " Je rie, en larmes. J'entends à moitié Jacy descendre les escaliers à toute vitesse. Malheureusement il ne peut rien faire... Nous assistons, impuissants, à la mort de papa.

Il a vécu si longtemps... Je m'étais demandée parfois s'il n'était pas immortel. Nous déposons son urne dans le petit cimetière. Il va pouvoir retrouver maman et ils seront heureux là-bas. Les semaines suivantes sont difficiles, la tristesse règne et la maison est sans dessus-dessous.

Chogan ne cesse de réclamer son papy Falkor, même la nuit.

"Ze veux papy..."

- Chogan... Viens mon chéri je vais te remettre au lit. - Naaan ze veux papy !

On lui a expliqué que son papy est parti pour un long voyage au pays des Anges, mais ça ne l'empêche pas de le réclamer. Au petit déjeuner, quand il balance pour la énième fois son bol, je perds mon calme : "Maintenant ça suffit Chogan ! Soit tu manges soit je te sors de là mais je te préviens, tu n'auras rien d'autre à manger de la journée !"

Je regrette aussitôt mes paroles.

Jacy pénètre dans la cuisine.

"Allez fiston, va jouer avec tes cubes. Maman a besoin de calme."

Une fois libre, Chogan trottine jusqu'au salon en babillant. - J'aurais pas du lui parler comme ça. - Il faut bien qu'il comprenne un peu qu'il doit pas faire ça. On est peut-être pas assez autoritaire avec lui. - Papa lui manque tellement... - Je sais mon coeur, dit Jacy en prenant ma main, mais ce n'est pas une raison pour le laisser faire tout ce qu'il veut. Alors que je me prépare à aller travailler, j'entends Jacy préparer son petit déjeuner et apparemment, Chogan est avec lui. - Papa, faim ! - Maman ne t'as pas donné tes biscuits préférés tout à l'heure ?

- Noooon... - T'es sûr fiston ? Il ne répond pas.

"Bon alors on va faire un marché. Si t'es sage avec maman et que tu ne renverses plus ta nourriture, je te fais des pancakes. D'accord ?"

- Pacake ! Pacake ! - Si tu restes sage. - Chogan sage, promis caché !

Depuis ce jour, notre fils est un vrai petit ange durant les repas. Pour le féliciter, nous lui avons acheté un costume de loup qu'il adore ! Il est si adorable dedans.

Il réclame de moins en moins la présence de papa et maintenant, il s'amuse comme un grand sur son toboggan, même si parfois il a encore peur de se faire mal.

Celle qui m'inquiète encore beaucoup, c'est Dakota. Elle a l'air si malheureuse... Si seule malgré notre présence. Je ne sais plus quoi faire.

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~ DAKOTA ~

Pour faire plaisir à Nokomis, je suis allée faire un tour au parc. Mais le coeur n'y est pas. J'avais perdu mes deux parents et le peu de repères que j'avais... Je me suis assise sur un banc afin d'admirer la vue mais même le paysage n'arrive pas à me réchauffer le coeur. Tout semble si fade...

Encore une fois, je me retiens pour ne pas craquer.

- Comment se fait-il qu'une si jolie demoiselle arbore une moue si triste ? J'entends à côté de moi, ce qui me fait sursauter. "Désolé je ne voulais pas te faire peur." Un garçon, qui a l'air d'avoir mon âge et d'être inoffensif, s'était assis sans même que je m'en aperçoive.

- C'est pas grave... J'étais perdue dans mes pensées. Je ne t'ai pas entendu arriver. - Tu as l'air malheureuse... Qu'est-ce qui t'arrives ? Je n'avais pas envie de discuter, avec personne, mais en croisant son regard bleu glacier, je me suis mise à parler.

- Mes deux parents sont morts dans un laps de temps assez court. - Je comprends mieux... Toutes mes condoléances. - Merci. Heureusement que j'ai ma soeur pour m'épauler, ainsi que son fiancé et mon neveu. Mais... - Oui ?

Je soupire. - J'ai l'impression de ne pas être à ma place. Mais bon, c'est sûrement le cas pour beaucoup de gens de mon âge. - Pas forcément. La recherche du bonheur peut prendre toute une vie.

- Pourquoi tu me parles du bonheur ? - Parce que le jour où l'on sait qui on est et qu'on a trouvé sa place, on a aussi trouvé le bonheur. Même si ce n'est pas la seul clé pour l'atteindre.

Il ne parle pas comme les autres garçons de mon âge, il est différent. Intelligent... Et assez mignon en faite. - Au faite, je m'appelle Rémi. - Moi c'est Dakota. - Enchanté Dakota. Nous discutons un long moment. C'est un garçon très drôle, en plus de connaître beaucoup de choses.

Il adore l'Espace. "Le plus grand mystère de l'Univers, c'est l'Univers lui-même" Il dit. Quand il en parle, ses yeux s'illuminent. Le soir venu, nous nous sommes allongés dans l'herbe pour admirer les étoiles.

Je n'avais pas vu le temps passer. - Mince il se fait tard ! Ma soeur va s'inquiéter, je vais rentrer. - Ah... Je suppose que l'on ne se reverra pas. Sa mine déçu me fait sourire.

- Sauf si on reste en contact.

On échange nos numéros et avant de partir, nous nous enlaçons brièvement.

- On se voit bientôt ! Je crie en m'éloignant. Je ne sais pas pourquoi je souris, mais ça faisait longtemps que ce n'était pas arrivé !