top of page

45. L'Amitié

Dernière mise à jour : 8 févr. 2023

~ NAÏLA ~

- T'es fou de venir comme ça chez moi à l'improviste ! Je crie presque en ouvrant la porte. - Désolé... il fallait que j'te parle. Tu as deux minutes ?

Il a de la chance que je sois seule à la maison sinon papa et maman l'aurait senti, et qui sait ce qu'ils auraient fait... - Viens, allons là-bas.

Je l'entraîne sur la petite plage en face de chez moi. Nous nous asseyons sur le banc. - Comment t'as eu mon adresse ? Je demande, quand le silence devient trop long à mon goût.



- Tu ne veux pas savoir... r - Tu as hypnotisé quelqu'un de l'administration pour qu'il te balance mon adresse c'est ça ? Il rougit, ce qui veux dire que j'ai vu juste. - Tu deviens comme ton père on dirait bien... - Non ! Je... C'était important. Il fallait que je te parles. - T'aurais pu demander à Andy, ou à ta mère. Bon bref, qu'est-ce que tu voulais me dire ? - Je suis désolé. - Ah ? Et de quoi ? - J'me suis comporté comme un con avec toi, j'aurais pas du partir comme ça l'autre jour au Starbucks, ni t'en vouloir de ce qui s'est passé. Je... Je sais ce que mon père vous a fait... Ma mère a finalement avoué toute la vérité. Je ne savais pas... Enfin si je savais qu'il trafiquait quelque chose, mais je savais pas qu'il s'en prenait aussi aux Meutes gentils.



Je ne peux pas étouffer le sentiment de soulagement qui me gagne. "Il a enfin ouvert les yeux". "J'comprends pourquoi tu es venues à la pêche aux infos et je ne t'en veux pas, ou plutôt je ne t'en veux plus. J'aurais été incapable de voir tout ça de moi-même alors que c'est de mon propre père qu'on parle" Il ajoute, en riant nerveusement. - Tu étais un enfant... - Toi aussi, et ça ne t'as pas empêché de voir clair. - On voit toujours mieux les choses d'un oeil extérieur. Et... Je dois te dire quelque chose moi aussi.


- Vas-y je t'écoute. - Le lendemain de la bagarra aux Falaises, je suis retournée sur place et... Ma mère était là, allongée sur le sol respirant difficilement et... - ...Elle a survécu, il devine.

Je suis soudain mal à l'aise. - Oui. Elle a escaladé la falaise pour essayer de revenir à la maison mais elle était vraiment dans un sale état, elle n'a pas pu revenir seule. - Et mon père, il a... - Non... Il n'a pas survécu à la chute. Il ne dit rien pendant un moment, puis finalement : - Je suppose que c'est mieux ainsi, même si ça reste mon père et que ça fait mal... J'ai vraiment de la peine pour lui. Non seulement son père n'était plus là, mais en plus il s'était rendu compte que c'était le roi des ordures... Ca faisait beaucoup à encaisser d'un seul coup. - Je suis désolée.



- T'as pas à l'être Naïla, ce qu'il vous a fait est impardonnable. Il vous a attaqué, vous vous êtes défendus, il a perdu, point ! Un nouveau blanc s'installe entre nous, chacun est plongé dans ses pensées. - Quand j'ai dit que je t'avais utilisé et que tu n'étais rien pour moi, je ne le pensais pas je finis par dire. C'est vrai qu'au début je ne cherchais qu'à te soutirer le plus d'infos possible, mais rapidement je me suis rendue compte que j'aimais passer du temps avec toi. Je te considérais comme mon ami. - Est-ce qu'on l'est toujours ? - Je sais pas, à toi de me le dire. Je te rappelle que c'est toi qui a quitté le Starbucks en ronchonnant l'autre jour. - J'ai pas ronchonner !

Je souris franchement. - A peine !


Nous passons un long moment à discuter, plaisanter, on évoque aussi nos souvenirs d'enfance qui nous paraissent si lointain aujourd'hui... Je suis heureuse que notre amitié ne sois pas définitivement perdue en fin de compte, et j'ai l'impression que c'est pareil pour lui. Cependant, nous partageons la même crainte : que nos parents voient ça d'un très mauvais oeil... En parlant d'amitié, avec Andy on s'adore un peu plus chaque jour. Elle vient tous les jours ou presque à la maison après les cours.


Papa et maman l'adore aussi, ils la considèrent même comme leur deuxième fille. Un jour sur un coup de tête, on s'est fait faire le même tatouage en guise d'amitié éternelle.


- J'te l'avais dit que tes parents n'dirait rien pour le tattoo. Ils sont trop cool ! - Bah ils ont quand même râler un peu quand je leur ai dit... - Arrête ils ont pas râlé, ils ont été mis devant le fait accompli c'est tout. Pis d'toute façon c'est pas ton premier tattoo hein ! Sa phrase me met mal à l'aise. Elle ne sait pas encore pour moi et ma famille, elle pense que la marque sur mes reins est un tatouage. Heureusement, Fenrir se pointe au même moment, ce qui m'empêche de culpabiliser davantage. - Salut Andy ! - Hey tête de sushi ! La forme ?!


- Arrête de m'appeler comme ça ! Andy trouve que Fenrir a des traits japonais et comme elle adore la culture japonaise et le taquiner , elle l'appelle comme ça. Plus il lui dit d'arrêter, plus elle continue... Mais dans le fond, je sais que mon frère aime quand elle le taquine. Je le soupçonnais d'avoir un petit faible pour elle.

Plus tard dans la journée, Andy et moi discutons au séjour : - Bon alors, c'est quand que t'vas t'jeter à l'eau avec Falkor ? - Hein ?! Mais de quoi tu parles ?


- Ah je vois, t'es toujours dans la phase"dénie"... Va falloir te bouger les fesses quand même si tu veux lui mettre le grappin dessus. C'est un beau gosse, y'a plein de nanas qui lui tournent autour et... Cette dernière phrase me fait détourner le regard et l'image d'un Falkor entouré de filles plus belles les unes que les autres envahit mon esprit, ainsi qu'une sensation étrange et désagréable.


"La Terre à Naïla ! Hey tu m'écoutes !" La voix d'Andy me fait revenir à la réalité. - Hein quoi ?! - T'abuses Naïla ! J'étais en train de t'donner des supers conseils de séduction ! - Falkor et moi on est amis, point ! Y'aura jamais rien de plus j'ajoute, en pensant à la réaction que pourrait avoir maman et papa rien qu'en apprenant qu'on était amis lui et moi. Au faite, tu m'as jamais dit si quelqu'un te plaisait au lycée, je dis, pour dévier la conversation. Alors ? - L'amour c'est pas mon truc. Tu m'vois faire des papouilles à un mec ou une nana ?!

Je souris.

- Ah tu vois ! Même toi ça t'fais marrer. - Mais non c'est pas ça c'est juste que... - Qui pourrait aimer une fille comme moi comme dirait ma mère, elle dit, en perdant son sourire.

Aussitôt je me met en colère.

- N'écoute pas ce qu'elle dit. Elle ne sait pas qui tu es, à quel point tu es géniale, tu es la plus fantastique des amies. On t'aime tous ici et celui ou celle qui gagnera ton coeur, il aura une chance folle !


Un petit sourire réapparait sur son visage.

- Même ton père ? - Surtout mon père !

On éclate de rire avant de changer de sujet.


♦♦♦




Falkor m'a proposé d'aller voir un film au ciné puis de manger un morceau en ville. Au début j'avais hésité, ça faisait un peu trop rencard à mon goût, mais il y a un film qu'on voulait absolument voir tous les deux. Alors j'avais finalement accepté. Après tout, il n'y a pas que les couples qui font ça ! Sauf que, plusieurs fois durant la séance, je sens on regard son regard se poser sur moi et je ne sais pas trop quoi en penser.


Je suis déstabilisée et je me pose un million de questions. Pourquoi il me fixe ? Est-ce qu'il veux me demander quelque chose ? Est-ce que j'ai pas mis trop de maquillage ? Est-ce qu'il a remarqué que j'ai essayé de me faire belle ? Ou alors il fixe cette horrible cicatrice sur mon visage et ça le dégoûte...

Je suis soulagée quand le film se termine. Au final je n'ai rien compris à l'histoire tant j'étais focalisé sur Falkor. Heureusement au fast-food l'atmosphère est plus détendue et je passe un bon moment. Mais parfois, comme au cinéma, il me regarde.


Et le tourbillon des questions reprend de plus belle. Et s'il ne s'amusait pas vraiment ? Peut être qu'il s'amuserait plus avec toutes ces autres filles... Je maudissais Andy de m'avoir embrouillé l'esprit avec ses idées ! - Ca va Naïla ? - Hein ?! Euh... oui oui ça va . Je pensais à... A l'anniversaire de ma mère et au mien. - Ah ouais c'est le même jour ? - Non, mais on va le célébrer le même jour.


Il sourit.

- Ca veux dire que tu vas devenir l'Alpha de ta Meute bientôt. - Oui aussi... J'espère que je vais réussir à gérer tout ça. - J'en suis certain. La sincérité de son ton et son regard font accélérer les battements de mon cœur.


- Bon j'ai fini, on y va ? Je dis, à toute vitesse. - Let's go ! Nous quittons le fast-food pour rentrer à Willow Creek. Quand nos chemins se séparent nous nous enlaçons brièvement avant de se saluer.

Pourquoi un sentiment de vide et de froid m'envahit au moment où Falkor me lâche et s'éloigne ?

20 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page