49. Chavirement

Et voila, je vais être en retard au travail ! Quoi de plus logique après la longue nuit que nous avions passé à fêter mon... Titre d'Alpha. Nous avions allumé un feu pour faire griller des guimauves, chanter des chansons et raconter des histoires qui font peur.

Maman avait ensuite répondu à toutes les questions qu'Andy se posait au sujet des Lycanthropes. Moi aussi j'avais écouté attentivement parce qu'il y avait encore des choses que j'ignorais. Et puis, il n'est jamais trop tard pour apprendre. Blue nous avait ensuite dit qu'elle devait nous quitter parce qu'elle avait des choses à faire ailleurs, mais qu'elle reviendrait pour la prochaine cérémonie. - Encore en retard ma petite fille ? dit une voix fantomatique, ce qui me fait revenir à la réalité. - Papy ! Tu m'as fais peur !

- Hahaha ta grand mère avait raison, c'est génial ce truc ! - De quoi tu parles papy j'comprends rien !? Je lui demande avant de regarder l'heure. Non tant pis j'ai plus l'temps j'dois m'habiller vite fait. Au revoir papy ! Embrasse mamie pour moi ! - Oh ça, je n'y manquerait pas !

En parlant de travail, Andy a choisi de se lancer dans la Peinture. Elle voulait un boulot qui ne lui prend pas la tête et comme elle adore dessiner... C'est parfait pour elle.

Pendant que je suis au boulot et Fenrir au lycée, maman en profite pour transmettre sa passion du jardinage à papa, ça leur permet de passer encore plus de temps ensemble et de profiter de leur retraite.

En ce qui concerne Falkor et notre rendez-vous, et bien c'est pour ce soir. La fête d'hier n'était pas la seule raison de mon insomnie, j'étais stressée et n'arrêtais pas de penser à notre dîner. Et Andy qui doit me relooker pour l'occasion... Qu'est-ce qu'elle avait bien pu trouver ? Et est-ce que ça allait plaire à Falkor ? Est-ce que ma cicatrice se voit fort ? Et depuis quand ça m'inquiète de ne pas plaire à un garçon ?! Je me rends compte que nous sommes déjà à la fin de journée une fois devant chez moi. Andy débarque, tout sourire. - Voila enfin celle que j'attendais ! Allez hop hop hop à la douche, on n'a pas toute la nuit, t'as rendez-vous à 19h j'te rappelle ! "Comme si j'aurais pu oublier" Je me dis, en levant les yeux au ciel.

La douche me fait du bien mais je suis tellement distraite que j'ai oublié ma serviette dans l'armoire. Bon, allons voir ce qu'Andy a préparé...

- T'as pris ton temps dis donc ! T'es pas pressée d'y être ou quoi ? Me demande Andy, une fois que je franchis la porte de sa chambre.

- Bien sûr que si, mais en même temps j'trouve que c'est bizarre de sortir avec mon meilleur ami. - Installe-toi là, elle me dit en me montrant la coiffeuse. Dis-toi que c'est pire pour moi, car mes deux meilleurs potes ont rendez-vous ensemble ! Je ne peux retenir un rire un poil nerveux.

- Allez détends-toi, j'te promet que j'ai rien préparé d'extravagant. Juste du Naïla mais en plus... Chic ! - Ok vas-y, éblouis-moi.

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- Et voilà, tu es parfaite Naï. Une vraie femme fatale ! Si avec ça vous concluez pas ce soir, je mange mon prochain tableau ! - Andy ! Je m'offusque, rouge comme une pivoine. Si mon père et mon frère t'entendent... ! Maman n'est pas à la maison, et heureusement... - Oh ça va hein, depuis le temps que vous vous tournez autour... Et puis, j'ai pas crié fort. Allez lève-toi pour voir. Je suis GE-NI-ALE !

En me regardant dans le miroir, je suis surprise de constater qu'Andy a tenu ses promesses. Non pas que je doutais d'elle bien entendu ! Juste que je ne pensais pas que je serais toujours... Moi. Mais en plus chic, comme elle l'a dit. - Je confirme tu es géniale !

- Tu me remercieras en me racontant les moindres détails de vos galipettes ok ?! - ANDY CHUT !!! Peu de temps après on frappe à la porte de la chambre d'Andy. Je lui fait les gros yeux, montrant mon mécontentement. - Entrez ! Elle dit, se retenant de rire. C'est papa.

- Désolé de vous déranger mais je... Wouah ma chérie tu es... Splendide ! Il s'exclame en me voyant. - Euh... Merci papa. C'est Andy qui a tout fait. - Laisse-moi deviner : tu as rendez-vous ? - Hé bien, oui...

- Avec un homme. Je me sens rougir, encore une fois. - Papa on est obligé d'en parler ?! C'est juste un ami.

Il éclate de rire. - D'accord, d'accord ! Mais promet moi de faire attention à toi. Je soupire. - Oui papa je ferais attention. J'suis grande maintenant, et tu oublies que l'Alpha de la Meute des Héritières n'a peur de rien ! Il me serre dans ses bras, sous le regard amusé d'Andy.

Moi je ne souris pas, parce que si papa et maman apprennent avec qui je dînes ce soir, ils n'approuveront pas du tout...

♦♦♦

Falkor m'a donné rendez-vous dans un restaurant chic de Windenburg.

"Tu ne pourras pas le manquer, tu verras" il m'avait dit en souriant, ne voulant pas me donner d'indice sur l'aspect du lieu. En effet, je ne pouvais pas le rater parce que c'était un bateau !

J'adore déjà, c'est si beau et original ! Falkor attendait devant le resto, sur son 31 lui aussi. Quel charme fou il a dans son costume. Il doit me sentir car il tourne la tête vers moi. Il me regarde des pieds à la tête et j'ai l'impression que ses yeux brillent encore plus que d'habitude. Il m'adresse un large sourire. - Salut Naïla ! - Salut !

- Tu es très belle.

Je baisse la tête, intimidée. - Merci. Toi aussi, ça te va super bien le costume. - Ouais mais j'aurais pas du mettre de cravate, elle me serre trop ! Je ris. - Cet endroit est incroyable.

- Je me doutais que ça te plairait. Viens, allons-nous installer, il dit, en me présentant son bras. Nous marchons sur le ponton afin de rejoindre le restaurant où une odeur de crustacé flotte dans l'air. Falkor avait réservé une table sur le pont, où nous avons une vue directe sur les alentours et la lune. Nous nous installons autour de la table et un certain malaise s'installe pendant que nous choisissons nos plats.

Il rompt le silence le premier.

- Alors... Quoi de neuf depuis la dernière fois ? - Et bien je suis depuis hier la nouvelle Alpha de ma Meute. Nous ne sommes pas seuls sur le pont alors je ne parle pas fort. - Sérieux ? Toutes mes félicitations ! Est-ce que je dois t'appeler Majesté ou un truc dans le genre ? J'éclate de rire, ce qui me détend aussitôt. C'était le but recherché par Falkor j'en suis certaine.

- Naïla suffira t'inquiètes pas. Mais je ne serais pas contre une révérence la prochaine fois. - Vos désirs sont des ordres Madame, il répond avec un air faussement solennel. Nous avons réussi à retrouver la complicité qui nous lient depuis l'enfance. Nous sommes sur la même longueur d'onde et nous nous comprenons rien qu'avec un échange de regards. Il me comprend et il est toujours aux petits soins avec moi, c'est ce qui me plait chez lui. Ca et son magnifique sourire, ses muscles tendus sous sa veste, ses yeux et... - Naïla, ça va ?!

Oh mon Dieu je dois être écarlate ! - Oui ! Enfin... J'ai un peu chaud mais tout va bien. Tu as choisi ce que tu voulais manger ? Changer de sujet oui, ça c'est bien. Il appelle le serveur et me laisse passer la commande.

Nous sommes en train de discuter quand je me souviens que je dois encore lui annoncer quelque chose. - Au faite je dois te dire, Andy sait pour moi, mais je ne lui ai rien dit à ton sujet. J'ai pensé que si tu voulais lui dire, tu le ferais. Il ne parait pas étonné. - Je me doutais que tu lui dirais et je devrais faire de même, elle a le droit de savoir. Elle a l'esprit ouvert. - C'est sûr, elle n'a même pas eu peur ! Il sourit. - C'est tout Andy ça. Un nouveau blanc s'installe entre nous jusqu'à l'arrivée de nos assiettes. - Comme c'est joli et appétissant !

En relevant la tête je surprend Falkor qui me fixe en souriant bizarrement. - Quoi ? - Non rien ! C'est toi qui me fait sourire. - Ah... Je me sens ridicule et complètement perdue ce soir. J'ai l'air d'une pauvre ado maladroite qui rougissait pour un oui pour un non alors que lui, il se comportait comme d'habitude. Même pas un trouble, rien... Je ne lui fais aucun effet on dirait bien. Durant le reste du repas, je fais bonne figure et souris quand il blague, mais au fond de moi, j'ai hâte de rentrer chez moi pour arrêter de me ridiculiser.

A la fin du repas, il s'exclame :

- Tu as déjà fini ? - Hein ? Oh... oui c'était tellement bon !

C'est la vérité, mais pas que. - J'ai plus faim moi ! Il s'exclame en mettant la main sur son estomac quand il a fini. - Moi non plus, je suis rassasiée. Merci pour ce dîner, c'était délicieux.

Il m'observe avant de dire : - Il commence à se faire tard, je te raccompagne ? - Oui merci, mais pas jusqu'à chez moi. Tu sais pourquoi... - Pas de soucis. Nous descendons les escaliers afin de payer l'addition. De minute en minute, je me rapproche enfin de mon lit, mon refuge...

Arrivé sur le ponton il me prend par surprise en se plantant devant moi, l'air déterminé. - Bon allez, dis moi ce qui se passe Naïla. - Hein ? De quoi tu parles ?!

Je suis une aussi mauvaise actrice que ça ? - Arrête, je sais bien qu'il y a un truc qui va pas ! Tu as changé du tout au tout durant le dîner. Tu t'es ennuyée avec moi ? J'ai dit ou fait quelque chose de mal ? - Non bien sûr que non ! Tu n'as rien fait de mal et tu es loin d'être ennuyeux, c'est moi qui...

- Naïla, explique-moi, il me supplie presque, quand je ne termine pas ma phrase.

N'y tenant plus, je déballe tout, les larmes aux yeux. - Je... Je pensais que c'était un vrai rendez-vous, pas un dîner entre amis ! Je croyais que j'te plairais un peu habillée comme ça, mais je me suis trompée ! Je sais bien que je suis pas la plus jolie et que je suis défigurée à cause de cette foutue cicatrice et que jamais tu... Je ne peux plus parler parce que Falkor a plaqué ses lèvres contre les miennes, m'empêchant de continuer. Je suis à la fois surprise et complètement chamboulée par ce baiser. Mon coeur bat à tout rompre dans ma poitrine tandis que sa main caresse mon visage, là où se trouve mes cicatrices. Il recule lentement.

- Ne dis plus jamais que tu n'es pas jolie, il dit, d'une voix rauque. Tu es la plus belle louve et la plus magnifique femme que j'ai jamais vu. Si tu savais depuis quand j'ai envie de t'embrasser, de te toucher comme je le fais maintenant. Et ceci, il ajoute, caressant ma joue, montre à quel point tu es courageuse et une battante. J'aime tout chez toi, non en faite c'est plus simple que ça : Je t'aime Naïla. Je t'aime depuis le premier jour où je t'ai vu passer devant chez moi avec tes deux petites couettes adorables.

Je suis à la fois émue et heurtée de plein fouet par les révélations de Falkor. Il est amoureux de moi, depuis toujours... Comment j'ai pu être aussi aveugle ? Moi qui a toujours su résoudre des énigmes et voir ce que les autres ne voient pas, je n'ai même pas été fichue de me rendre compte que mon meilleur ami était amoureux de moi. Et surtout, que je suis aussi amoureuse de lui. - Naïla ? m'appelle Falkor. Je le regarde, mais vraiment. Oui, je suis amoureuse de lui. Sa gentillesse, son intelligence, sa bienveillance, sans oublier son physique. Tout me plait chez lui. Et c'est pour ça qu'au lieu de lui répondre verbalement, je l'embrasse.

Notre baiser est beaucoup plus fougueux. Je veux transmettre dans ce baiser tout ce que j'éprouve pour lui, tout ce que je ne peux pas lui dire à voix haute. Il faut d'abord que je réalise ce qui se passe avant de pouvoir le dire à voix haute. Et comme toujours, il me comprend : "J'attendrais, ne t'inquiètes pas."

Sauf que moi, je ne veux pas attendre. Je veux... Plus. Nous avons assez perdu de temps comme ça. Alors, je ne sais pas si c'est l'amour ou la pleine lune qui me fait perdre la tête, mais ce qui devait arriver, arriva...

Certes, le lieu est tout sauf romantique pour une première fois, mais c'est quand même... Magique. Nous sommes en phase, connectés surtout les points.

- Tu sais quelle heure il est ? Je demande à Falkor au bout d'un moment. Nous sommes allongés dans l'herbe, complètement nus. Il fouille dans la poche de son pantalon qui traîne pour sortir son portable. - 4h12 ma chérie. - Quoi déjà ?! Je crie, paniquée. Merde ! je dois aller bosser pour 9 heures !

Je me rhabille en vitesse suivie, Falkor en fait de même mais à un rythme normal. - On se voit plus tard ok ? Je t'appellerais.

Je l'embrasse sur la joue avant de m'éloigner de lui en courant presque. Derrière moi j'entends son rire raisonner. "Naïla" Je me retourne et le regarde d'un air interrogateur. "Je t'aime !"

Un grand sourire envahit mon visage. Je lui envoie un bisou via les airs et me remet à courir. En arrivant devant chez moi, aux alentours de 4h45, je constate que de la lumière émane du salon. C'est très mauvais signe... En franchissant la porte d'entrée, je vois maman et papa côte à côte, le visage sombre. - Euh... Vous ne dormez pas ?

- Naïla ! On s'inquiétait pour toi, on t'as appelé plusieurs fois sans que tu ne répondes ! J'avais en effet, mis mon portable en mode silencieux juste avant d'entrer dans le resto. - Désolée, j'avais éteint la sonnerie de mon portable et je n'ai pas vu l'heure passer. Je ne voulais pas vous inquiéter. - Ton père m'a dit que tu avais rendez-vous avec un homme, tu étais avec lui ? demande ma mère. - Maman ! J'ai passé l'âge pour l'interrogatoire d'ado !

- C'est pas l'impression que tu donnes. Tu es Alpha maintenant, tu as des responsabilités vis-à-vis de nous tous ! Ca ne se fait pas de passer la nuit dehors avec un homme que tu connais à peine.

Ses paroles me font sortir de mes gonds.

- Qui te dis que je le connais à peine hein ? Tu sais même pas qui il est, tu sais rien.

Elle s'énerve à son tour. - Et bien vas-y, dis-nous ! Qui est-ce ? Le moment que je craignais le plus arrive enfin...

- C'est Falkor. Falkor Barawa.