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41. Toute La Vérité

Dernière mise à jour : 6 févr. 2023

Papa et moi avons la lourde d'annoncer à mon petit frère que sa maman ne reviendrait pas... Oh mon Dieu rien que d'imaginer sa réaction... Tonton Sköll l'a ramené à la maison peu de temps après notre retour. Il arrive tout sourire dans le salon.


Son sourire s'efface quand il voit dans quel état nous somme. - Papa ? Naïla ? Vous... Tu es... Et maman ? Je ne peux pas, c'est trop pour moi. Je ne peux pas annoncer ça à Fenrir.. Je fond en larmes et courre jusqu'à ma chambre même si mes muscles me font souffrir. Mais cette douleur n'est rien comparé à celle de mon coeur.

De l'autre côté de la porte, j'entends la voix cassée de mon père. - Fenrir... Mon grand, ta maman et ta soeur m'ont guéri. - Tu es enfin revenu ! La suite je ne l'entends pas mais quand mon frère se met à crier, je comprend que papa lui a annoncé la triste nouvelle. - NAAAN JE VEUX MAMAN !!

Des pas précipités puis lents se font entendre dans le couloir. Fenrir s'est sûrement réfugié dans sa chambre, avec papa à sa suite. Mon coeur finit de se briser en entendant les cris de détresse de mon petit frère...



Comment allait-il surmonter une telle épreuve à son âge ? Et moi ? Je venais à peine de grandir... Je ne vivrais jamais les disputes entre mère et fille, les réconciliations autour d'une glace, lui confier mes doutes, mes peines et surtout, mes joies... Tout ça n'arrivera jamais, car maman s'est sacrifiée pour nous.

___



Au pied des falaises de Windenburg...


J'avais l'impression que mon corps était en mille morceaux... C'est peut-être le cas... Mais comment je suis censée penser si je suis un puzzle ?



La brise marine me brûle le corps tout entier... Je dois être dans un sacré état. Ouvrir les yeux me parait mission impossible... Mais il faut que j'essaye. J'ouvre délicatement un oeil, puis comme ce n'est pas aussi difficile que je le croyais, j'ouvre l'autre. Le soleil couchant m'éblouit un peu, mais ce n'est rien comparé à mes blessures.


Peu à peu ma vision se clarifie et en tournant la tête, une vision d'horreur s'offre à moi : un corps d'homme, ou du moins ce qu'il en reste, gisant sur un gros rocher. Le sang coulait le long des parois... Aralez. J'avais eu plus de chance car je suis tombée à l'eau... Enfin plus de chance oui... Ce connard, il ne souffre plus, moi par contre je déguste ! Et j'ai pas fini d'en baver car il faut que je me lève. Allez Tala ! Pour tes enfants, pour ton homme, pour ta Meute il faut que tu te bouges les fesses. Les pauvres, ils devaient me croire morte...



La douleur est insoutenable et plusieurs fois je suis à deux doigts de me casser la figure. Mais à force de persévérance, je parviens à me tenir à peu près debout.

Je me rends compte que je suis en soutif, mon pull probablement mis en pièce par la paroi de la falaise lors de ma chute. Pourquoi je m'inquiète de ça maintenant en faite ?!


J'évite tant bien que mal de regarder le corps sans vie d'Aralez mais l'odeur du sang me chatouille les narines. Même mort il arrive à m'emmerder celui là ! Je lève les yeux vers la paroi de la falaise et rien que de m'imaginer l'escalader pour retrouver la civilisation, ça me décourage d'avance.



Je vais y laisser mes dernières forces j'en suis persuadée. Et je ne devais pas tomber parce qu'une seconde chute allait m'achever... Au sens propre. Même la guérison accélérée des Lycanthropes ne pourrait pas me sauver dans ce cas de figure. J'observe malgré tout mon environnement, dans l'espoir qu'un chemin ou un petit passage apparaissent comme par magie, mais bien sûr ça n'arrive pas. Rien ne me sera épargné... Je m'approche lentement de la paroi avant de poser mes mains dessus.

Je peux le faire.

Ni mes frères, ni mon homme, ni maman, ni même Naïla n'auraient laissé tomber à ma place. J'inspire profondément avant de me lancer, les yeux toujours fixés sur le sommet de cette foutue falaise.



Jamais je n'ai souffert aussi fort que durant cette ascension. Chaque mouvement me donne envie d'abandonner et de me laisser tomber.

"De toute façon on me crois morte alors si je lâche prise, je ne souffrirais plus et personne ne saurait que j'avais survécu à ma première chute..." NON ! Reprends-toi Tala ! Tu t'es déjà assez morfondue comme ça ! Pense à tous ceux qui t'aime et à la joie que tu vas leur procurer quand ils vont voir que tu es vivante.

Tu pourras cajoler ton adorable fils. *Un effort pour tendre le bras*

Serrer fort dans tes bras ta merveilleuse fille. *Un effort pour pousser sur ses jambes*

Embrasser fougueusement l'homme de ma vie. Un effort pour agripper cette pierre*

Traiter Hati de vieux croulant. *Un effort pour ne pas glisser*

Dire à Sköll qu'il n'est plus aussi séduisant avec des rides et des cheveux gris. *Pousse difficilement sur sa jambe droite*

Entendre les conneries sans queue ni tête de Diane. *S'accroche au bord de la falaise avec sa main droite*

Dire à ta famille que tu les aimes plus que ta propre vie et qu'Aralez est mort.

J'ai réussi... J'ai escaladé cette foutue falaise...J'ai mal bon sang, je me sens... Ma vue se brouille et la dernière chose que je vois c'est les rayons du soleil.



♦♦♦




~ NAÏLA ~

Je n'arrive pas à dormir. Et je ne suis pas la seule car j'entends Fenrir dans sa chambre.

Papa lui, est silencieux, ce qui n'est pas rassurant non plus... Je me lève pour aller voir mon petit frère.



Lorsque j'ouvre la porte de sa chambre, je le trouve assis sur son lit. Je m'assoie à côté de lui. - Tu n'arrives pas à dormir non plus ?

Il renifle. - Non... C'est vrai ce que papa m'a dit ? Maman elle est au ciel ? Ma gorge se noue.


- Oui... - Je veux aller au ciel aussi pour voir ma maman ! - Ooh ptit frère il ne faut pas dire ça... - Tu vas pas partir toi aussi hein ? - Non je resterais toujours avec toi. Allez, il faut que tu essaies de dormir maintenant. - J'peux dormir avec toi Naïla steuplé ?

Il me supplie de ses yeux humides, impossible de refuser. - Bien sûr, viens.



Ensemble nous allons dans chambre. Je le couvre lorsqu'il s'allonge dans mon lit et, avant de m'allonger à côté de lui, je lui dis que je vais dans la salle de bain faire un brin de toilette. Je sais que les loups-garous guérissent assez vite, mais cette griffe sur mon visage restera à jamais j'en suis certaine... Saleté de Barawa. J'espère que cette garce porte ma marque aussi sur elle !

Cette même nuit, impossible de trouver le sommeil, même avec mon frère à mes côtés. Lui, avait fini par rejoindre les bras de Morphée.



A nouveau je sors du lit et en allant dans le couloir, j'aperçois assis à table, le regard vide. - Papa ?



Il tourne la tête vers moi. - Tu ne dors pas ? Il demande, sa voix toujours aussi cassée. - Non... Fenrir dort dans mon lit. Il hoche la tête et durant quelques minutes, nous restons silencieux. Ne supportant pas ce vide, je dis : - Papa je veux que tu saches que je ne t'en veux pas, ce n'est pas ta faute. On ne savait pas à quel point ils pouvaient être dangereux. Un rire sarcastique résonne. - Pas ma faute ? Naïla, si je n'avais pas été le voir ce jour là, jamais il ne m'aurait hypnotisé, jamais ta mère ne serait...Il ne termine pas sa phrase.

Une larme roule sur sa joue.



- Donc tu as bien rencontré Aralez n'est-ce pas ? Que s'est-il passé ce jour là ? Il me raconte toute l'histoire. - La veille de ma visite chez les Barawa, ta mère et moi nous nous sommes disputés car elle avait rendu visite à ce malade et elle m'avait fait une peur monstre. Et ce qu'elle m'avait dit à son sujet ne m'avait pas rassuré... Alors le lendemain, je suis allé chez eux. Tu te souviens, c'est quand je t'avais dis que je reviendrais vite ? - Oui. - J'ai frappé à leur porte et un homme m'a dit d'entrer. C'était Aralez.


"- Loki Wolf ! Décidément, j'aurais affaire à toute la famille d'ici la fin de la semaine. Vous venez me prêter allégeance ? - Non, je veux que vous nous laissiez tranquille moi et ma famille. Nous n'avons rien à voir avec vous ! - Oh mais vous avez tout à voir, la Meute des Héritières a toujours été une Meute puissante je vous l'accord, mais elle n'est rien comparée à la mienne !



- Si nous ne sommes rien, pourquoi nous vouloir dans votre Meute ? - Soumettez-vous, vous et votre femme et je vous le dirais. - Jamais de la vie Barawa !" C'est à ce moment là, quand j'ai croisé ses yeux verts, que j'ai commencé à me sentir bizarre.


"- Loki Wolf, tu vas rendre la vie impossible à ta meute, et surtout à ta femme. Sois le plus abominable des maris, le pire des pères, mais ne sois pas violent. La torture psychologique suffira a tous les affaiblir. Tu m'entends ? - Je vous entends.


- Tu retrouveras ma femme derrière chez toi tous les 3 jours pour un compte-rendu de ce qui se passe chez toi."

A ce moment là, un petit garçon a débarqué dans le séjour.

Mon coeur s'accélère. - Un petit garçon ?! - Oui, il avait les cheveux rouges il me semble. Falkor... - Qu'est-ce qui s'est passé ? - Le petit garçon a interrompu son père.

"- Papa, qu'est-ce que tu fais ? Tu l'hypnotises ? - En effet mon fils, il ne veut pas obéir alors je lui montre qui est le chef ici ! - Mais... c'est un méchant ?


- Oui, il est méchant avec sa famille. N'est-ce pas Loki Wolf que tu es méchant ? Allez, laisse-nous maintenant, je dois finir. - Okey p'pa !"

- Et c'est tout ? Le gamin a rien fait d'autre ? Je demande, agacée.


- Non, il a obéit à son père et il est parti. C'est qu'un enfant et à cet âge là, le papa est toujours un héros. Aralez m'a ensuite donné ses dernières instructions et je suis partie de chez lui. La suite tu la connais... J'ai été le monstre abominable qu'il voulait que je sois. Je peux te promettre que je luttais contre ça, mais je n'arrivais pas à sortir de cet état... - Papa, encore une fois c'est pas ta faute, on ne savais pas pour leurs pouvoirs.


Il fond en larmes, bafouillant que la femme de sa vie n'est plus là, qu'il ne la serrerait plus jamais dans ses bras qu'il n'a pas vu son fils grandir ni sa fille... Devant sa détresse je craque à mon tour. Je m'approche de lui pour le serrer dans mes bras.

Je parviens à retrouver un minimum de calme, et dit : - Va te coucher papa. Il est 4h du matin, tu as besoin de dormir aussi. - Je vous aime, tu le sais ça ? - Nous aussi on t'aime papa. Il m'écoute et, les épaules voûtés, il va dans sa chambre. J'en fais de même, sauf que je ne vais pas au lit.


Un garçon aux cheveux rouges a des comptes à me rendre et je veux des explications pas plus tard que maintenant, même s'il est tôt.

Je prends les premiers vêtements que je trouve dans ma commode avant de les enfiler dans la salle de bain. Falkor avait entendu le nom de famille de mon père et il avait appris le mien peu de temps après. Comment avait-il pu me faire ça ? Il savait que c'était mon père qui avait été hypnotisé et il ne m'avait rien dit. Je me sentais trahie parce que, malgré que je l'avais utilisé pour lui soutirer des infos, j'ai aimé passé du temps avec lui, on avait bien rigolé ensemble.


Il est environ 5h du mat' quand j'arrive chez les Barawa. Il y a de la lumière à l'intérieur... Parfait ! Je ne risque rien en venant ici car j'ai bien amoché la mère et papa en a fait de même avec le fiston. Seuls les jumeaux pouvaient être debout à cette heure-ci.


Sans aucune hésitation je frappe à la porte. Un ado que je n'avais encore jamais vu m'ouvre la porte. Non... ! C'est pas... - Falkor ?! Je m'exclame, décontenancée. - Naïla ?! Qu'est-ce que tu fais chez moi à cette heure-ci ? Tu tombes vraiment mal là...


Le choc passé, je reprend le contrôle de moi-même... Plus ou moins. - Comment as-tu pu laisser ton père hypnotiser le mien ?! - Quoi ? Qu'est-ce que tu... - Ne fais pas l'innocent ! Loki Wolf ça t'dis rien ?! C'est mon père ! Et Tala Wolf c'est ma mère ! Il ouvre grands les yeux avant de gronder. - C'est ta mère qui a... Qui a tué mon père ? Il avait raison ! Vous êtes des monstres !



Aussitôt je vois rouge. - Tu t'fous d'moi ?! C'est ton père qui a provoqué mes parents à peine débarqué ici ! Il a hypnotisé mon père pour qu'il nous fasse du mal et toi tu savais et tu n'as rien fait ! - Tu mens ! - Tu crois vraiment que j'me serais déplacée jusqu'ici à 5h du mat pour te raconter des bobards ?! Alors que j'devrais être dans ma chambre, à consoler mon petit frère qui a perdu sa mère à cause d'un connard de dominateur ! Tu disais que tu voulais pas être comme lui ! De toute façon t'es rien pour moi, j'me suis servie d'toi pour avoir les infos que j'voulais ! Maintenant toi et moi, on a plus rien à se dire !


Je ne lui laisse pas le temps de répondre car je quitte sa maison en larmes... De rage ou de tristesse, je ne sais pas. Le jours s'était levée sans que je m'en rende compte. Je ne veux pas rentrer à la maison, pas encore... Alors je me met en route pour aller vers le seul endroit où j'ai envie d'être.


♦♦♦




Arrivée aux Falaises, je prend une profonde inspiration pour... Je ne sais pas, sentir sa présence... Me rassurer... Fenrir a besoin de moi et moi je reviens là où tout s'est joué, espérant un miracle... Je me sens tellement bête.



Une bourrasque de vent vient caresser mon visage et une odeur de sang frais me chatouille les narines.... Et une odeur... Familière. "Non... C'est impossible ! Je t'ai vu tomber." Et pourtant, mes jambes se mettent en marche et me guident vers la source de cette odeur. C'est là que je la vis, inconsciente. "MAMAN !" Je crie, en larmes.


"Oh mon Dieu maman. Elle est dans un sale état, sa respiration est faible mais elle est bel et bien vivante ! Nom d'une pleine lune elle est vivante !

Elle parvient à ouvrir un oeil. - Na... Naïla ?

Sa voix est méconnaissable.

- Oui ! Oui maman c'est moi je suis là, je vais te ramener à la maison ne t'inquiète pas.

J'enlève ma veste pour la mettre sur elle. - Peux... pas... bou... bouger... - Economise tes forces maman, je vais te porter ne t'en fais pas. Tu seras bientôt à la maison, au chaud, et dorlotée comme jamais.

Je n'arrête pas de parler pour qu'elle ne pense pas à la douleur et qu'elle ne perde pas connaissance. J'aurais du prendre mon portable avec moi, au moins j'aurais pu demander de l'aide.... Le plus délicatement possible je l'aide à se lever.

- Appuie-toi sur moi maman, on rentre chez nous.



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