~ NAÏLA ~
J'ouvre grands les yeux et me redresse à l'annonce de la disparition de papa. - Quoi ? T'es sûre ? - Certaine. Il n'est pas rentré depuis qu'il est parti travailler hier. Je me lève à toute vitesse. - Il ne t'as rien dit avant de partir ?
- Non... Tu sais bien qu'avoir une conversation normale avec lui c'est impossible dans son état. Naïla, il faut que je te dise quelque chose d'important.
Le ton qu'emploi maman en disant ça n'envisage rien de bon. - Il y deux jours quand je vous ai laissé toi et ton frère avec Hati, c'est parce qu'Aralez Barawa voulait me voir. - Ah bon ? Qu'est ce qu'il t'as dit ? - Toujours la même chose, il veut que l'on soit sous ses ordres mais il a menacé de... Tuer ton père si je ne viens pas me soumettre à lui d'ici dimanche 22h. Je suis sous le choc. Comment la situation avait pu nous échapper à ce point ? Comment pouvait-on être aussi cruel ?
- Tu as un plan pour l'empêcher d'agir ? - Oui. Le seul moyen de rompre l'hypnose que nous avons trouvé avec le reste de la Meute c'est de le rendre aveugle ou... De le tuer. Ses yeux sont la clé de tout. Le tuer ?! Me vient à l'esprit Falkor... Tuer Aralez, c'est tuer son père. J'ai, malgré moi, un pincement au coeur, mais c'est un mal nécessaire. Ma Meute avant tout !
- Cependant, reprend ma mère, avec la disparition de ton père je ne sais plus quoi penser.
Une idée me traverse l'esprit. - Et si Aralez voulait exécuter sa menace plus tôt que prévu ?
- Oh mon Dieu... Ca serait tellement son genre de faire ça ! J'aurais du surveiller ton père ! - Maman, garde ton calme ! Paniquer ou t'en vouloir n'aidera pas à sauver papa.
Elle me rejoint sur le lit. - T'as raison, ça sert à rien.
- Aralez ne t'as rien dit qui pourrait nous aider à trouver papa ? Elle réfléchit un moment avant que son visage ne se décompose. - Oh non... - Quoi qu'est-ce qu'il y a ?! - Il va demander à ton père de se jeter d'une falaise ! - Quoi ?! - Aralez a dit que s'il en a envie, il pourrait ordonner à Loki de se jeter d'une falaise. Mais je vois pas où... - ... Les Falaises de Windenburg je la coupe, paniquée. C'est les plus hautes des environs. - Habille-toi on y va !
Interloquée, je bafouille : - Tu... tu veux que j'viens? -Non, je ne veux pas, mais j'ai besoin de toi Naïla. De ta présence, de tes capacités et de ton aide. Contrairement à mamie, je ne t'ai pas fait confiance et je le regrette. Nous nous fixons et dans son regard, je peux lire tout son amour, sa peur et sa détresse. - Allons-y maman. Allons sauver papa.
♦♦♦
~ TALA ~
Nous déposons Fenrir chez Sköll pour qu'il ne reste pas seul à la maison. Tous pensaient que nous allions à la médiathèque effectuer nos dernières recherches sur les loups-garous hypnotiseurs et donc, que nous ne voulions pas avoir Fenrir dans les pattes. Naïla et moi nous étions mis d'accord pour que tout cela reste entre nous. Nous n'étions même pas sûres de nous mais quelque chose me disait que Naïla avait raison et que Loki se trouvait à Windenburg. Une fois arrivée à destination, nous bondissons du taxi pour courir jusqu'aux Falaises. - Tu le vois ? me demande Naïla, aux aguets.
Je tourne la tête de gauche à droite pour essayer de le sentir. - Je le vois pas et je ne sens rien, y'a pas de vent en plus. Avançons ! A peine avons nous fait dix pas que j'aperçois une silhouette au loin. Une silhouette que je reconnaitrais entre mille.
- LA-BAS ! C'EST LUI ! Je crie en me mettant à courir. Naïla en fait de même et ensemble, nous nous précipitons vers Loki.
Arrivée à quelques mètres de lui, je stoppe ma fille pour l'empêcher de se ruer vers son père. - Attends Naïla reste là, on ne sait jamais - Mais maman... - S'il te plaît, reste là. A contrecoeur, elle obéit.
C'est donc seul que j'avance vers mon homme, qui ne tourne pas une seule fois la tête vers nous. je me racle la gorge mais ma voix se brise quand je prononce son prénom : - Loki ? Je tiens à m'excuser, tout ça c'est de ma faute. Si je n'avais pas été chez le Chef des Barawa, jamais tu n'aurais subi ce que tu subis maintenant. Il te contrôle mon amour, il te fait faire et dire des choses que tu ne veux pas. Je t'en supplie, bats-toi ! Pense à notre famille, à ta fille qui a passé toute son enfance à enquêter, à ton fils qui a réussi à te sortir de cette transe alors qu'il n'était encore qu'un bébé. - Tais-toi femme, il dit entre ses dents en se tournant vers moi. Je ravale un sanglot.
- Pense à nous, à notre amour... Je t'aime Loki, je t'aime de tout mon coeur et je n'ai jamais cessé de t'aimer durant tout ce temps. Tu ne peux pas imaginer à quel point j'ai été malheureuse de ne pas t'avoir à mes côtés le jour de la naissance de notre fils. Et Naïla, elle a été incroyable ! Elle n'a jamais perdu confiance en toi, elle a toujours cherché à retrouver le vrai toi, celui qui l'emmenait au restaurant pendant que je travaillais, celui qui l'aidait à faire ses devoirs alors qu'il savait pertinemment qu'elle pouvait se débrouiller seule.
Je suis en larmes quand Naïla s'approche. - Maman est tellement malheureuse papa. Il faut que tu te bats, je sais que tu en es capable. Tu es le plus fort de tous les papas.
Loki se prend la tête entre les mains, comme s'il souffrait. - Je ne.... Je n'y arrive pas ! - Mais si papa vas-y ! Ne laisse personne briser ce qu'il y a de meilleur en toi ! - Tu peux le faire mon amour ! Il se plie en deux, ce qui fait paniquer notre fille. - Papa ! s'écrie Naïla en voulant le rejoindre. - Non attends ! je crois que ça marche. Loki lute contre lui même de toutes ses forces et nous l'aidons, Naïla et moi, en l'encourageant et en lui rappelant des souvenirs. Au bout d'un moment qui nous semble être une éternité , il se redresse. Il fait volte-face et son air dur achève de me briser le coeur.
"Ca n'a pas marché..." je me dis quand soudain, il sourit. - Mes amours...
- OH MON DIEU PAPA ! Crie Naïla en se jetant dans ses bras. Je n'en crois pas mes yeux ! Il a réussi. Je me précipite vers eux mais avant de les atteindre, un parfum que je connais maintenant par coeur me fait stopper net.
Non... Pas lui. Pas maintenant.
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Je me retourne pour faire face à mon pire ennemi, Aralez. Il n'était pas seul. Il y avait sa femme et un jeune homme.
Mon mari et ma fille m'entourent quand Aralez prend la parole : - Très impressionnant Loki. Je n'avais jamais vu quelqu'un réussir à rompre l'hypnose.
Loki lui adresse un sourire carnassier.
- Ma femme vous avez dit de ne pas nous sous-estimer il me semble.
- Vous avez commis une grosse erreur aujourd'hui. Vous allez en payer les conséquences. - Pas si je vous neutralise avant Barawa, je le menace, en serrant les dents. Même si Loki essain et sauf , le plan que nous avions mis en place avec la Meute tient toujours : je dois arrêter Aralez.
- C'est à cause de ta garce de fille que tu vas te faire tuer dit la femme avec un sourire méprisable. - T'es vexée parce que tu ne peux pas lire nos pensées sale chienne ? la nargue Naîla, à ma grande surprise. T'es pathétique. La femme d'Aralez lance les hostilités en se précipitant vers ma fille. - Je m'occupe d'Aralez, occupe toi du garçon, je dis à Loki. - Mais... - Fait moi confiance ! Il hoche la tête et se dirige vers son adversaire. Aralez s'approche de moi.
- Tu vas mourir aujourd'hui petite louve, il m'annonce, en me faisant le coup des yeux verts. - Vous avez déjà oublié que ça ne marche pas sur moi le coup de l'hypnose ?! - Espèce de...
Je ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase et me jette sur lui dans le but de lui arracher les yeux.
Il est fort, vraiment très fort. Il n'hésite pas à frapper là où ça fait mal, mais la colère m'aide à tenir le coup et à lui rendre la pareille.
C'est plus qu'une simple bagarre, c'esst une lutte d'Alpha et l'un de nous deux va mourir j'en suis maintenant convaincue. Voir même les deux... Au bout d'un moment, je parviens à l'immobiliser. Je ne laisse pas passer ma chance et je lui arrache un oeil. Il hurle de douleur avant de me repousser.
- Ca c'est pour tout ce que vous nous avez fait subir, je hurle, folle de rage. Il me percute violemment et nous nous retrouvons par terre. Nous roulons dans la poussière, tantôt moi au-dessus, tantôt lui.
Dans le brouhaha ambiant, j'entends des voix paniquées crier "Attention" mais je suis trop focalisé sur Aralez pour vraiment écouter.
Inconsciemment, je me dis que ces voix avaient certainement cessées de se battre quand Aralez avait hurlé de douleur quand je lui ai arraché son oeil.
Cette pensée et le cri d'effroi d'une jeune fille sont les dernières choses que j'entends avant de sentir le vide provoqué par ma chute.
♦♦♦
~ NAÏLA ~
- MAMAN !!! NOOOON ! Je crie à plein poumons en courant vers elle pour l'empêcher de tomber de la falaise. Mais je n'arrive pas à temps et j'assiste, impuissante, à la chute de maman. - TALAAAAAA crie mon père à côté de moi aussi désespéré que je le suis. Maman... Non... Maman ne peut pas...
- Tout ça c'est votre faute ! s'écrie la femme d'Aralez.
Aralez est également tombé de la falaise mais lui, j'en ai rien à foutre. En larmes, je me tourne vers elle et j'explose : - C'est votre faute à vous espèce de poufiasse ! De vous et de votre mari ! C'est pas ma mère qui aurait du tomber avec lui, C'EST VOUS !
- Naïla non ! Crie mon père quand je bondis sur cette garce. Le fils d'Aralez m'imite et se jette à nouveau sur mon père. Je ne sais pas quelle force m'aide à assener des coups à cette cinglée, mais en tout cas, elle n'est pas de taille face à ma rage et ma douleur. Elle parvient à s'extirper de mes griffes, pour ramper jusqu'à son fils. Tous les deux étaient en sang, mon père n'ayant pas épargné non plus son adversaire. - Vi...Viens, elle dit, le souffle coupé en boitant pour s'éloigner de nous. Je suis à genoux, les poings serrés et en sang quand je sens papa s'approcher et chuchoter d'une voix tremblotante : - Naïla.
Le simple fait d'entendre mon prénom me fait éclater en sanglots.
Je craque complètement, je pleure, crie, donne des coups dans le sol, hurle... Mais surtout, j'appelle ma maman, qui n'est plus.
