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14. Au Revoir

Appartement d'Andy, San Myshuno


Demain, c'est le grand jour. Enfin, quand je dis « grand » ça veut surtout dire « le pire jour de ma putain de vie ».

J'avais récupéré l'Encyclopédie chez les Wolf comme prévu, mes valises étaient quasiment prêtes, il ne me restait plus qu'une chose à faire...



- Si tu as peur de...

- Je t'arrête tout de suite Margaret, je n'ai pas la trouille. C'est juste... Difficile.



Marko, Xavier et donc Margaret, sont passé pour me dire « au revoir » avant mon départ.

- En quoi est-ce difficile ?

- Je sais pas moi, peut-être parce que je vais dire adieu à une partie de moi.



- Laisse tomber Andy, Margaret a oublié ce que c'est d'aimer dit Marko.

- Je suis un Vampire, c'est dans ma nature. Et je ne m'en porte pas plus mal contrairement à certaine...

- Toi aussi tu vas me manquer Margie.

Elle étrécit les yeux.

- Arrête avec ce surnom ridicule.



- Ah ! Il lui reste un semblant d'émotion en fin de compte ! constate Marko en souriant.

- Tu ne veux toujours pas nous dire où tu comptes aller ? Me demande Xavier.

- Est-ce que je t'en pose des questions moi quand tu pars en voyage ?

- Oui, à chaque fois.

Bon d'accord c'était vrai.

- J'ai juste des affaires à régler à l'étranger, des affaires personnelles tu vois ?



- Hmm...

- Quoi ? Tu ne me crois pas ?

- Oh je suis certain que tu nous dit la vérité, mais pas toute la vérité.

- Et ça serait un crime si c'était le cas ?

- Non...

- Dans ce cas, lâche moi la grappe et dis moi simplement « au revoir » comme un ami le ferait.

Xavier se lève et me prend dans ses bras.

- Fais attention à toi Andy.

- T'inquiète.



Avant de me lâcher, il me chuchote à l'oreille :

- Je finirais par découvrir ce que tu nous caches.

Mon regard ne vacille pas quand il me scrute, mais à l'intérieur je flippe à l'idée qu'il découvre ce que je compte faire. Et surtout, avec qui.

- Si tu l'dis ! Je répond, nonchalante.

C'est au tour de Margaret de s'approcher de moi.

- Je te dirais bien d'essayer d'éviter les ennuis mais je pense que ça serait inutile ?

- Tu me connais, je suis un aimant à problème !

Elle soupire.

- Oui, en effet.

Je suis prise au dépourvu quand elle m'embrasse la joue. Je la regarde avec de grands yeux surpris lorsqu'elle recule.

- Quoi ? Tu voulais qu'on te salue, c'est ce que j'ai fait.



- Dis donc j'aurais tout vu aujourd'hui ! Intervient Marko, hilare. Je découvre que Margaret a un cœur en fin de compte et qu'on peut clouer le bec d'Andy Fallon !

- Ne le ménage pas durant mon absence s'il te plaît je dis à Margaret, blasée.

- Compte sur moi.

Marko se lève et me serre dans ses bras à son tour. Il a retrouvé son sérieux lorsqu'il me dit :

- Si tu as besoin, tu sais qui appeler.

- Ouais, toujours.

Je le retiens un peu plus longtemps dans mes bras parce que ce petit con allait vraiment me manquer, ainsi que ses pitreries.



La sonnerie de mon smartphone interrompt ce moment de complicité.

C'était Chogan.

- Hello !

- Salut Vampirette ! C'est toujours bon pour toi de passer à la maison aujourd'hui voir le petit ?

Séléné avait accouché d'un garçon le lendemain de la fête d'anniversaire de Jacklyn.

- C'est toujours prévu ouais. J'aurais d'ailleurs un truc à te dire en même temps.

- Cool ! A tout à l'heure du coup.

- Ouais...



Il n'y a aucune raison pour que ça se passe mal, pas vrai ?


♦♦♦



~ AMBREEN ~


Windenburg



- Tiens donc, que me vaut ce plaisir, Régente Gotolambé ?

- Tu sais pourquoi je suis là.

- Oui je le sais. Mais j'aimerais voir quels arguments vous allez avancer pour justifier que vous vouliez récupérer la Relique du Soleil.



- C'est une simple mesure de précaution.

- Oh ? Vraiment ?

- Oui. A notre place, tu ne voudrais pas avoir en ta possession l'objet qui peut te détruire ?

- Probablement que si, mais vous oubliez une chose Régente : je n'ai rien à voir avec vous.

- Il fut un temps ou c'était le cas.



- Les choses changent, les gens changent. Tu en sais quelques chose Ambreen, n'est-ce pas ?

- Au nom de notre amitié passée, donne moi la Relique Zophia.

- Hahaha vous les Upyr ne reculaient devant rien pour parvenir à vos fins. Mon amitié pour toi est morte le jour où tu as tourné le dos aux tiens. Malheureusement pour toi, je ne te donnerais pas ce que tu veux.



- Ne m'oblige pas à te défier Zophia.

- Je ne m'y risquerais pas si j'étais toi.

- Me sous-estimerais tu encore, après toutes ces années ?

- Comment oses-tu me dire cela ?! J'ai toujours été la première à te soutenir, à te pousser dans tes retranchements pour qu'ensemble, nous devenions les trois sorcières les plus puissantes du Coven.



- Toi et Mélina m'avaient tourné le dos au moment où j'avais le plus besoin de vous.

- C'était ton destin de mourir ! Tu as trahi Gaïa, tu as trahie le Triumvirat, nos Ancêtres, tu nous as tous trahi en pactisant avec cette diablesse que tu appelles Reine.

- Elle m'a sauvé la vie. Et je suis toujours une sorcière.

- Non, tu es son esclave.

- Mesure tes paroles Zophia.



- Sinon quoi ? M'avoir ôté la vue ne t'as pas suffit , tu vas aussi me couper la langue ?

- C'était un accident, tu le sais. Le sort ne devait pas te toucher...

- … Assez ! J'en ai assez entendu. Va t-en.

- Pas sans la Re...

- … J'AI DIT VA T-EN !





♦♦♦


~ ANDY ~


Willow Creek, Résidence de La Meute des Héritières


J'ai toujours pensé qu'avoir un bébé dans les bras et la plus effrayante des expériences. C'est vrai quoi ! Ils sont minuscules et tellement fragiles... Et pourtant, le petit louveteau que j'ai dans les bras en ce moment même, me sourit.

- Il a l'air de t'adorer.

- Tu crois ?



Séléné est avec moi dans la chambre du petit Rohan. Elle est un peu cernée mais quoi de plus normal quand on a mis au monde un bébé il y a quelques heures ?

- Il est trop mignon, comme tous les bébés de cette Meute.

- Tu n'es pas objective dit-elle en riant.



- Chuuut, quelqu'un pourrait t'entendre.

- Oups !



Elle fait mine d'avoir fait une boulette et se met la main devant la bouche, ce qui me fait rire. Je dorlote encore un peu le petit bonhomme avant de le remettre dans son berceau. Lorsque je me tourne vers Séléné, elle me regarde tristement.

- Tu es toujours décidée à partir ?



Je baisse la tête et le poids sur mon cœur s'alourdit comme lors de l'anniversaire de Jacklyn, quand j'ai craqué et annoncé mon départ définitif à Séléné. J'avais eu un petit moment de faiblesse durant la fête et malheureusement pour moi, elle l'avait vu.

Evidemment je n'avais pas donné de détails, juste que je devais partir pendant un très, très long moment, et qu'en aucun cas c'était à cause de la Meute.

- Oui, il le faut.

- Tu n'es pas seulement venue pour Rohan, n'est-ce pas ?

- Tu lui parleras de moi ? Ainsi qu'à ses petits frères et sœurs ?

- Andy...

Ca y est, j'ai envie de pleurer.

- Promet le moi .

- Je te le promets.



- Merci. Au moins j'aurais eu la chance de connaître ce petit ange, à défaut d'assister à ton mariage...

Je m'approche de Séléné pour la serrer dans mes bras.

- Tu ne peux pas rester encore un peu ?

- Tu oublies que je dois encore parler à ton frère je dis, dans une vaine tentative de détendre l'atmosphère.

- Tu ne crois pas si bien dire.



Je sursaute en entendant cette voix grondante dans mon dos.

Je me retourne pour faire face à Chogan qui se tient, les poings serrés, dans l'embrasure de la porte Il ne m'a jamais paru aussi immense... Et en colère. Très en colère.

- Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?! Tu t'en vas ?!

- Pas ici Chogan dit Séléné avant que je ne réponde. Rohan dort.

Bien sûr qu'il m'avait entendu parler à sa sœur, l'ouïe d'un loup-garou étant très sensible c'était prévisible.

Et merde...

Nous le suivons Séléné et moi jusqu'au salon où Jacklyn ainsi que Julian nous rejoignent. Chogan se retourne et avant qu'il n'ouvre la bouche, je ne peux pas m'empêcher de demander :

- Tu écoutes aux portes maintenant ?

- Evidemment que j'écoute aux portes, c'est mon genre de faire des cachotteries ! Tiens d'ailleurs, ça me rappelle quelqu'un... il répond, ironique.

- Chogan...

- Non Séléné, je ne peux pas ! Pas cette fois.



Je vois bien qu'elle a envie de répliquer, mais elle se rend compte que les choses ont besoin d'être dites entre son frère et moi. Enfin pas toutes non plus... Mais l'essentiel.

- Ca fait des semaines que tu nous cache des choses, soit disant pour nous protéger. Et là tu nous annonces que tu vas t'en aller ? On s'est toujours tout dit Andy, j'ai été patient, je t'ai fait confiance mais là tu m'en demande trop. Je veux des réponses.

- Tu crois que ça me fait plaisir ? Tu crois que c'est facile pour moi ? Tout ce que j'ai fait jusqu'à aujourd'hui, c'est pour vous protéger.



- Mais de quoi tu veux nous protéger putain ?



Je commence à en avoir assez qu'on me pose sans cesse les mêmes foutues questions.

- De moi espèce de crétin ! C'est de moi qu'il s'agit !



Un silence de mort s'installe après mon aveu. Je tremble de tout mon corps et mes oreilles bourdonnent. Les émotions se bousculent en moi et il suffirait de peu pour que la chose en moi se réveille.

Jacklyn, qui n'est pas intervenue jusque-là, prend la parole.

- Calmez-vous tout les deux. Ce n'est pas en vous criant dessus que vous allez améliorer les choses. Chéri, laisse Andy parler s'il te plaît.



Mon meilleur ami est au bord de l'implosion je le sens. De mon côté j'inspire profondément pour essayer de retrouver un minimum mon calme.

Une fois certaine que ma voix ne va pas me trahir, j'ouvre mon cœur :

- Chogan, tu es comme un frère pour moi. Tu as toujours été là pour moi. Et même si les dernières semaines ont été compliquées entre nous je sais que tu me fais confiance. Je pourrais donner ma vie pour la Meute, pour toi. Mais j'ai découvert des choses sur moi et j'ai besoin d'avoir des réponses. Je dois entreprendre un voyage que je dois faire seule. Je ne sais pas combien de temps il me prendra, mais au cas où, je veux que vous sachiez que je vous aime tous du plus profond de mon coeur et que jamais je ne vous oublierez.



A la fin de mon discours, je constate que mes joues sont humides, ma vue brouillée. Séléné pleure et Chogan.... est immobile. Aucune expression ne se lit sur son visage et ça me fait complètement flipper. Aucun son ne sort de sa bouche. Rien. J'en suis même à attendre des insultes pourvu qu'il réagisse !

Finalement, c'est Julian qui brise le silence et s'approche de moi.

- On ne se connaît pas depuis très longtemps, même si ça fait quelques années quand même maintenant, mais je suis sûr de deux choses : tu as été une amie fidèle pour la Meute et ce, depuis bien avant ma naissance. Je suis convaincu également que jamais tu ne ferais de mal à l'un d'entre nous. Mais, si tu estimes que partir peux t'aider à faire la paix avec toi-même et t'apporter des réponses, alors fonce. On t'attendra.



- Julian a raison dit Séléné. Tu as assez pensé aux autres, il est temps que tu penses à toi Andy.

Je renifle et chuchote un timide « merci ». Un petit moment s'écoule avant que quelqu'un se décide à faire ou dire quelque chose. Et ce quelqu 'un c'est Chogan, qui s'avance vers moi. Je m'attendais à une gifle ou à un coup de poing dans la figure, mais rien ne vient. Il me fixe sans rien dire, ses yeux marrons assombrit par... La tristesse ? La colère ? Je ne sais pas trop. Il ouvre enfin la bouche et dit « Ne compte pas sur moi pour te dire adieu » d'une voix dénué d'émotion, avant de me tourner le dos et de se diriger vers la porte du jardin. « Chéri... » tente de le retenir Jacklyn mais il n'écoute pas.

Par la fenêtre, j'aperçois Chogan laisser la place à un loup, qui s'enfuit en direction des arbres.



Ca faisait mal.





♦♦♦



San Myshuno, Appartement d'Andy


- … Et là il s'est transformé avant de galoper je ne sais où.

Nous sommes le lendemain de ma visite chez les Wolf et je suis en compagnie d'Hota, qui est venu me dire au revoir à son tour. Il m'avait demandé comment ça s'était passé chez les Wolf et je lui avais donc raconté pendant que je terminais mes valises.



- Tu comptes beaucoup pour lui, et tu sais qu'il a peur de l'abandon avec ce qui est arrivé à ses parents.

- Je sais... Je m'en veux de lui infliger ça mais il le faut.

- Il finira par comprendre.

J'acquiesce, plus par réflexe que par conviction.

- N'oublie pas de tenir ta promesse Hota.

- Tu as des doutes ?

- Si j'en avais, je ne t'aurais absolument rien raconté.

- Tu m'aurais donc menti sur notre lien ?

Ils en avaient pas marre de tous me poser des questions ?!

- Tu ne crois pas que j'ai déjà assez de problèmes sans que je me pose des questions qui ne viendront jamais sur le tapis ?

- Touché, concède mon ami.

- Désolé Hota, c'est pas contre toi. J'en veux à l'Univers entier aujourd'hui. Bon, je crois que je n'ai rien oublié j'ajoute, en regardant autour de moi.

- Arrête de vérifier cette fichue armoire, tu me stresses.

- Toi ?! Être stressé ? J'aurais vraiment tout entendu !



Nous descendons mes valises en bas de l'immeuble. Mon chauffeur n'allait pas tarder à arriver, il ne me restait plus qu'à saluer l'Hybride en face de moi.

- Allez approche gamine.

Je lève les yeux au ciel en entendant ce surnom, mais être dans ses bras musclés me procure du réconfort. Si Chogan est comme mon frère, Hota est ce qui se rapproche le plus d'un père pour moi, et pour beaucoup d'entre nous d'ailleurs. Comment j'allais faire sans sa sagesse et son savoir ?



- Tu te rappelles quand je t'ai dit que Chogan allait finir par comprendre ta décision ?

Surprise par sa question, je bafouille :

- Euh... Ouais ?

- Hé bien, je crois que le moment est venu il répond, en faisant un geste de la tête en direction de quelque chose derrière moi.



Je me retourne et crois halluciner quand, à quelques mètres de moi, se trouve mon meilleur ami, les mains dans les poches.

- Je vais vous laisser discuter dit Hota avant de disparaître.

- Chogan ? Je croyais que tu...

- … Je ne suis pas venu m'excuser car tout ce que je t'ai dit hier je le pensais. Je suis toujours en colère contre toi Andy mais je n'ai aucun droit de te retenir si c'est ta décision, et je ne le ferais pas. Mais il me faudra du temps pour digérer malgré tout.



Je hoche la tête, parvenant difficilement à retenir les larmes qui menacent de couler à nouveau. Va vraiment falloir que j'investisse dans un eyeliner waterproof...

- Merci de ta compréhension.

- Tu espérais peut-être des adieux de ma part, mais comme je l'ai dit, tu n'en auras pas.

A nouveau j'acquiesce et croyant qu'on avait fini, ou pour épargner mon pauvre cœur amoché, je m'apprête à retourner dans l'immeuble quand il dit :

- Je suis venu te dire «au revoir ». Parce que toi et moi on se reverra Vampirette.

- Q... Quoi ? Je demande, pas certaine de comprendre.

Il sépare la distance entre nous et me prend le visage à deux mains.

- Je t'aime ma sœur. Peu importe le temps que ça prendra, peu importe qui on sera à ce moment-là, maison se retrouvera. Je t'en fais la promesse.



Incapable de me contenir plus longtemps, je fond en larmes et me jette dans ses bras.



Il me serre très fort dans ses bras avant de m'embrasser le front et essuyer mes joues.

- Je vais partir, sinon je risque de t'assommer et t'enfermer dans la serre de Julian au fond de notre jardin, pour t'empêcher de partir.

Malgré la situation, il arrive à m'arracher un sourire.

- Au revoir, Louveteau. Prends soin de toi.

- Au revoir, Vampirette.


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