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13. Contraintes

Dernière mise à jour : 11 janv. 2023

Appartement d’Andy, San Myshuno.



- Hey salut Séléné, tu vas bien ?

J’avais beau vouloir retarder l’inévitable le plus tard possible, ce n’était pas le cas des Upyr. Ils voulaient absolument récupérer leur maudite Encyclopédie ainsi que la Relique, et j’étais la seule à pouvoir le faire… Ô Joie !

- Tiens salut Andy, ça va et toi ?

- Nickel, comme d’hab !

Menteuse.

- Dis voir, ça va peut-être te paraître bizarre ce que je vais te demander mais c’est vraiment important.

- Je suis habituée aux choses bizarres donc tu peux y aller.

- C’est pas faux… Bref, est-ce que tu as toujours l’Encyclopédie des Vampires et la Relique du Soleil ?



Silence à l’autre bout du fil. Merde, je savais que ça allait être tendu cette histoire…

- On a toujours les 4 volumes à la maison mais pas la Relique. Pourquoi cette question ?

- Non en faite je te demande ça parce que les Vampires cherchent à récupérer leurs biens et tu sais comment ils sont quand ils veulent quelque chose… Mais s’ils découvrent que ce sont des Loups-Garous qui sont en possession de leurs biens ils pourraient décider de s’en prendre à vous et je ne voudrais pas que ça arrive tu vois.

Je ne mentais pas cette fois-ci... Pas complètement en tout cas. Je suis tellement nerveuse que si j’étais en face de Séléné là maintenant tout de suite, elle aurait immédiatement détecté qu’un truc clochait et je voulais à tout prix éviter ça, d’où l’appel téléphonique.

Ouais, je suis une lâche en plus d’être une menteuse.

- Mince je n’avais pas pensé à ça dit Séléné, dont la voix trahissait une certaine crainte.

- Si tu veux je peux me charger de leur rendre, j’inventerais un truc bidon et puis voilà. Enfin si ça ne te dérange pas de t’en débarrasser bien sûr.


- Non non t’inquiète ça ne me dérange pas du tout, je sais déjà tout ce qu’il y a à savoir sur les Vampires, j’ai parcouru ces pages un million de fois pour trouver l’inspiration pour mon propre livre.

- Ah ouais c’est vrai tu crées ta propre Encyclopédie à la sauce Lycanthropes. Ça avance bien ?

- Je suis en pleine phase de recherches pour l’instant, ça va prendre du temps mais c’est tellement passionnant ! J’en profite avant l’arrivée du bébé, quand il sera là j’aurais moins de temps pour ça.

- Ouais je comprends. La famille avant tout !

- Exactement.

Et dire que je ne pourrais pas profiter de ces moments de bonheur en compagnie de la Meute… Mais qu’aurais-je pu faire d’autre ? Dans tous les cas j’aurais du partir pour les protéger alors autant essayer de maîtriser mes pouvoirs pour ne plus être un danger.

Qui sait ? Peut-être que ça ne prendra que quelques mois.

Oui bien sûr Andy, et les Upyr sont des gentils petits agneaux tout mignon.



- Andy, tu es toujours là ?

- Hein ?! Oh oui pardon Séléné je pensais juste à 2-3 trucs. Tu disais ?

- Je te disais que je te donnerais l’Encyclopédie demain. Tu viens toujours à la fête d’anniversaire de Jacklyn ?

- Merde c’est déjà demain ?

Je suis la pire amie du monde… J’avais complètement zappé l’anniv’ de la femme de Chogan.

- Je vais faire comme si je n’avais pas entendu dit Séléné, un sourire dans la voix.

- Pitié ne dis pas à Chogan que j’ai oublié, déjà qu’il est en colère contre moi… S’il savait il m’arracherait les crocs.



- T’en fais pas, je ne dirais rien.

- Il m’en veux toujours hein ?

Séléné marque un temps pour choisir ses mots avec soin.

- Ce n’est pas qu’il t’en veux, pas vraiment, il est plutôt triste de la distance qui s’est creusé entre vous. Vous étiez si proche avant…

Si mon cœur pouvait encore réagir, il se serrerait à cet instant.

- Je sais Séléné et crois-moi, j’en suis vraiment désolé. De mon côté rien n’a changé, je considère toujours Chogan comme mon frère et ce, pour l’éternité. Seulement il y a des choses que je ne peux pas partager.

- Je comprends Andy, vraiment. Tu n’as pas a te justifier auprès de moi, ni même de Chogan. Tu as parfaitement le droit de garder des choses pour toi si tu estimes que c’est nécessaire. On a tous notre jardin secret pas vrai ? Et puis tu connais Chogan et sa légendaire impulsivité.

La sœur de mon meilleur ami réussi l’exploit de m’arracher un sourire.

- On t’as déjà dit que tu étais la plus géniale des louves ?



Elle rit.

- Non, mais grâce à toi c’est chose faite maintenant.

- Bon, je vais devoir raccrocher, j’ai un cadeau à acheter et très peu de temps devant moi.

- A cette heure-ci ? S’étonne Séléné.

Il était pas loin de 22 heures.

- Oh tu sais, la journée commence à peine chez les Vampires.

- Ah oui, c’est vrai.

Je pousse un long soupir après avoir raccroché. Quel calvaire de devoir faire comme si tout allait bien alors que ma vie ne ressemble plus à rien depuis quelques temps.

- Chic ! On va aller faire du shopping !

Je suis tellement surprise de ne pas être seule dans mon appart’ qu’instinctivement, je me jette tout crocs dehors sur l’intrus, avant de le reconnaître et de reculer.

- Putain Marko t’es malade d’entrer chez moi comme ça ! J’aurais pu te faire du mal.



- Je vois ça, tu as vraiment l’air à cran. Faire la fête te ferais le plus grand bien.

Je le regarde, suspicieuse.

- Depuis quand tu es là ? Et qu’est-ce que tu as entendu ?

Il fait semblant de réfléchir avant de répondre, un sourire tout ce qu’il y a de plus innocent plaqué sur les lèvres :

- Je suis curieux… Qu’est-ce que tu vas inventer comme excuse bidon pour expliquer le fait d’avoir « retrouvé » l’Encyclopédie ? Il demande, en mimant les guillemets.



- Je vais te tuer.

J’ai à peine le temps de bondir sur lui qu’il est déjà hors de mon appart’. J’entends son rire raisonner dans le couloir.

- Tu ne paies rien pour attendre Milovic !



♦♦♦



Quartier des Epices / Quartier des Arts, San Myshuno.


Après une course-poursuite, que personne n’a gagné soit dit en passant, à travers les rues et les toits de San Myshuno à une vitesse surhumaine, Marko et moi marchons côte à côte.

- Tu te sens mieux ? Me demande mon ami.

- Ouais, j’avais bien besoin de me changer les idées.



- Cool ! C’était le but, j’ai cru que j’allais mourir d’asphyxie tant j’étouffais dans ton appart’ avec toute cette tension et cette nervosité qui planaient dans l'air.

Il fait semblant de s’étouffer en entourant son cou avec ses mains et en grimaçant.

Je ne peux m’empêcher de rire tant il est ridicule.

- Tu ne peux pas mourir d’asphyxie.

- Sans déc’ ? Merci je suis rassuré !

Le sourire que j’arbore disparaît en songeant à ce que je m’apprête à dire à mon ami.

- Je vais devoir quitter la ville Marko.

- Ah ouais ?

- Ouais. Je dois régler certaines choses et ça risque de prendre du temps.

- Tu veux en parler ?

- Non, pas vraiment.

- Pas de problème, mais si tu as besoin de renfort tu sais qui appeler.

- Ouais t’inquiète.

C’est ce que j’aime le plus chez Marko, il ne pose jamais de questions et il est toujours là en cas de besoin. Si seulement Chogan pouvait être aussi compréhensif…



- Bon, qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

- Tu le sais parfaitement espèce de fouine, je dois trouver un cadeau d’anniversaire pour Jacklyn.

- La... Femme de Chogan, c’est bien ça ?

- Ouep !

- T’as une idée au moins ?

- Pas du tout !

- Génial ! On n’est pas sortie de l’auberge…



Je lâche un juron en repensant à ma conversation avec Séléné un peu plus tôt.

- Merde ! J’ai oublié de demander un truc à Séléné.

- Quelle tête en l’air tu fais.

- Oh toi la ferme !

- Moi aussi je t’aime Andy.

Je sors mon portable et envoie un rapide SMS en espérant qu’elle soit toujours debout.



- Voilà c’est bon. Pour en revenir à Jacklyn elle adore l’art, retournons dans le quartier des Arts pour voir ce qu’il y a.

- Ok let’s go !



C’est en arrivant là-bas que la réponse de Séléné me parvient.



- Et merde…

- Un problème Andy ?

- Oui mais rien de nouveau sous le soleil. T’inquiète je gères.

Je ne gère absolument rien du tout mais ça, il n’est pas obligé de le savoir.



Je range mon portable et croise le regard interrogateur de Marko.

- Quoi ?

- Non rien. Prête à entrer par effraction dans chaque boutique qu’on croise ?



- Tu as vraiment le chic pour trouver les mots qu’il faut… Je répond en secouant la tête.

- Et encore, je ne t’ai pas parlé du lèche-vitrine.

- Oh non par pitié épargne-moi ça.

Il éclate de rire en me voyant accélérer le pas.

- Hey attend-moi… !



♦♦♦


Windenburg


Après avoir trouvé le cadeau parfait pour Jacklyn, Marko et moi sommes partis chacun de notre côté afin de vaquer à nos occupations, la mienne étant d’essayer de parler à Zophia à Windenburg. Je savais où elle habitait car ce n’était pas la première fois que j’allais là-bas, j’étais venue demander l’aide de la sorcière avec Séléné et Hota afin de vaincre Vladislaus. Sauf que je n’avais pas pu rentrer dans sa maison et à mon avis, ça serait la même chose aujourd’hui.



Comme je m’y attendais, la maison de Zophia était invisible. Littéralement. La sorcière avait jeté un sort à sa maison afin qu’aucune créature surnaturelle ne puisse la trouver. Seule Séléné avait réussi à contourner le sort car, grâce à son bouclier psychique, don hérité d'on-ne-sais-où, l’illusion n’avait eu aucun effet sur elle.

En gros je suis dans la merde.

- ZOPHIA ? Je crie dans l’espoir qu’elle m’entende. J’aimerais vous parler c’est assez urgent !



« C’est à propos de la Relique du Soleil, on m’a dit que c’était vous qui l’aviez. En faite j’aimerais juste la récupérer, je vous jure que mes canines resteront là où elles sont ».

Je me sens ridicule à parler toute seule au beau milieu de nulle part, mais qu’est-ce que je pouvais faire d’autre ?

Me ridiculiser encore plus en faisant de grands gestes afin d’essayer de sentir quelques chose qui ressemble à un mur… Ou une porte.

« J’ai vraiment bien fait de venir toute seule, j’ai l’air d’une cinglée. »



Alors que je crois toucher au but lorsque je sens enfin quelque chose contre ma paume, je suis immédiatement projetée en l’air. J’atterris à plusieurs mètres de là où j’étais quelques secondes plus tôt.

- La vache ! Ça va ça va j’ai compris vous ne voulez pas me parler ! Je me casse.



Qu’ils se démerdent tout seul les Upyr, ras-le-bol de toutes ces conneries. Je leur dirais que la Relique est entre les mains d’une sorcière parano et qu’ils n’ont qu’à aller la chercher eux-même.

Bien déterminée à rentrer chez moi le plus vite possible, je ne vois pas l’obstacle d’1m90 qui se dresse devant moi et le percute de plein fouet.

- Merde déso… Oh non c’est pas vrai, il ne manquait plus que vous.

Monsieur Mystère en personne se tient devant moi, aussi souriant et avenant que d’habitude.

- Bonsoir à toi aussi Andy Fallon.



- Laissez-moi deviner, vous m’avez suivi pour voir si je n’allais pas faire des folies, comme par exemple révéler à tout le monde l’identité des Upyr, ou pire, l’existence des Vampires, Lycanthropes et Sorcières et qu'ils se vouent une haine viscérale depuis la nuit des temps.

- Non, je suis venu admirer ton numéro de mime.

Folle de rage et de honte, je laisse échapper un « allez vous faire foutre » avant de planter Alexeï. C’était sans compter sur la rapidité de mon interlocuteur… Et de sa force.



- Tu oublies à qui tu t’adresse, ma petite.

- Lâchez-moi !

- Pas avant que tu ne t’excuse pour tes paroles déplacées.

- Dans vos rêves !

La pression autour de mon cou s’intensifie, l’air commence à me manquer et tout devient flou. Peut-être qu'on peut mourir d'asphyxie après tout... Mais comme je ne tiens pas à tester cette théorie, je souffle :

- Ok… Ok… Je suis... désolée.



Pour la deuxième fois de la soirée, je me retrouve au sol.

- Quel gentleman…

- As-tu récupéré ce qui nous appartient ? Me demande Alexeï, ignorant ma remarque.

De nouveau prête à affronter le monde je réponds :

- Je récupère l’Encyclopédie demain après-midi et en ce qui concerne la Relique, elle se trouve ici. Je vous en prie allez vous servir.

J’esquisse un large mouvement du bras comme pour inviter Alexeï à entrer dans la maison. Il regarde autour de lui avant de revenir à moi.

- Que suis-je censé comprendre ?

- Oh j’ai oublié de vous dire : la Relique se trouve dans cette maison qu’on ne peut pas voir car une puissante sorcière l’a rendu invisible grâce à un sort. Bon courage Monsieur Mystère.



A nouveau, il regarde autour de lui.

- Comment se prénomme cette sorcière ?

- Zophia.

- Celle qui a contribué à l'extermination de Vladislaus ?

Je grimace.

- Oui.

Il hoche la tête mais son visage n’exprime aucune émotion.

- Très bien, tu peux rentrer chez toi. Je veux qu’à la fin de la semaine tu sois prête à quitter San Myshuno.

- Quoi ? Déjà ?! Mais je…

- Ne discute pas, Notre Reine exige que tu commences ta préparation le plus tôt possible. Je compte sur toi pour protéger l’Encyclopédie une fois entre tes mains.


Sur ces bonnes paroles, Alexeï disparaît dans un nuage de fumée, me laissant seule avec mon désespoir.

Il ne me restait que quelques jours pour dire adieu à tout ceux que j’aime, parce que j’avais beau essayer d’être positive, la vérité c’est que je n’allais probablement jamais revoir Chogan, Séléné, Jacklyn et le reste de la Meute.

Pas de leur vivant en tout cas.




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