Je suis tellement heureuse d'être de nouveau enceinte ! En plus cette fois-ci je pourrais la vivre paisiblement, sans crainte de mettre en danger la vie de mon bébé, ou la mienne. Comblée, je m'empresse de rejoindre Eric pour lui annoncer la grande nouvelle.
Sauf que je déchante rapidement en voyant sa réaction. Ou plutôt son manque de réaction.
- Euh... Eric ? Ca va ?
- Oui oui il marmonne en redescendant sur Terre.
La surprise laisse rapidement place à la colère.
- Wow... Je m'attendais à toute sorte de réaction de ta part, mais de l'indifférence alors ça je ne l'ai pas vu venir !
- Quoi ?! Non je ne suis pas...
- Laisse tomber. Je dois aller bosser.
Je m'habille en quatrième vitesse et je quitte la maison toujours aussi énervée.
En arrivant à l'hôpital je me dirige, comme d'habitude, dans la salle d'analyse pour retrouver, comme d'habitude, la sale garce. En entendant la porte claquer, elle se tourne vers moi. Immédiatement elle remarque mon ventre légèrement rebondi.
- Vous êtes enceinte ? Félicitations. Me dit-elle froidement. - Merci. Je réponds sur le même ton. - Je serais ravie de vous accompagner lors de votre accouchement.
Pardon ?!
Hors de question qu'elle s'approche de moi ou de mon bébé !
Avec tout le self-control dont je suis capable, je lui réponds :
- Non merci.
- Cela vous éviterez les détails administratifs si c'est moi qui...
-... J'ai dit, non merci.
- Très bien, c'est vous qui voyez.
Et comment que c'est moi qui vois ! Je suis encore maîtresse de mon corps nom d'une Pleine Lune !
Après m'avoir transmis la liste des patients dont je dois m'occuper elle retourne à ses échantillons, ce qui, au passage, me fait toujours froid dans le dos.
Alors que je vais à l'accueil pour voir si mon premier patient est arrivé, l'hôtesse d'accueil m'interpelle.
- Lica ? Il y a des échantillons qui viennent d'arriver pour le Docteur Rousseau mais comme tu vois, j'ai pas le temps de les lui apporter donc tu pourrais...
- ... Pas de problème je réponds avec un air détaché, ne lui laissant pas le temps de terminer sa phrase.
Des échantillons pour le Docteur Rousseau hein ? Hé bien maintenant, ils sont à Lica Wolf !
- Je vais les déposer de ce pas dans son bureau. Par contre, tu pourrais garder pour toi que c'est moi qui m'en suis chargée ? Comme elle ne m'apprécie pas beaucoup et que c'est réciproque, je ne voudrais pas qu'elle croit que je lui rends service, tu comprends ? - Pas de soucis, moi non plus je ne peux pas l'encadrer elle me répond en me faisant un clin d’œil.
J'emporte mon butin jusqu'en salle d'analyse, non sans avoir vérifié au préalable si elle est vide. Satisfaite de constater que c'est le cas, j'entre et m'installe devant l'une des station.
J'ouvre la caisse d'échantillon et en sort une au hasard.
- Amarok Lenno je lis à voix haute. Sympa comme prénom !
En regardant de plus près, je constate qu'il y a plusieurs échantillons portant le nom "Lenno". Certainement une même famille...
Alors que je débute mon investigation, je bondis presque au plafond quand la sale garce débarque dans la pièce. Purée ! Heureusement que j'avais caché la caisse dans le coin.
Faisant comme si j'avais un banal échantillon, je ne lui prête aucune attention. Elle en fait de même.
De nouveau concentré sur les échantillons d'ADN, je parcours les lignes qui s'affichent sur mon écran. L'ADN d'Amarok Lenno ressemble étrangement à ceux que j'avais vu la dernière fois. Qu'est-ce que ça veut dire putain ?!
Bon résumons la situation.
- Élodie Rousseau travaille sur un vaccin soi-disant capable de guérir toutes les maladies.
- Elle prélève des échantillons d'ADN humain qui apparemment, ont été modifié.
Et impossible qu'ils soient anim...
Soudain, je me fige.
Animal, humain... Ou alors...
- C'est impossible ! Je m'exclame à voix haute, horrifiée.
- Un problème Lica ? me demande la blondasse.
- Non ! Enfin oui... Je... Je croyais avoir enregistré les résultats de mes précédentes analyses dans la station, mais ce n'est pas le cas. Du coup je dois tout réécrire... J'arrive à bredouiller comme excuse.
J'essaye de demeurer impassible lorsqu'elle me dévisage, mais c'est difficile de ne pas laisser le choc se lire sur mon visage.
- La prochaine fois, soyez plus attentive. Elle dit finalement en haussant les épaules avant de reprendre ses activités.
J'en fais de même, l'esprit complètement chamboulé.
Je suis quasiment certaine d'avoir de l'ADN de Loups-Garous sous la main. C'est la seule explication possible pour expliquer pourquoi le l'ADN des différents donneurs est identique, mais différents de ceux des humains. De plus, chez les Lycanthropes les prénoms amérindiens sont très répandus et "Amarok Lenno" rentre définitivement dans cette catégorie.
La blondasse est au courant pour les Loups-Garous et leur capacité à guérir rapidement. Et elle compte créer un vaccin à partir de notre ADN, j'en mettrais ma main à couper !
De nouveau capable de penser clairement, j'efface toute trace de ce que je viens d'analyser avant de dire d'un ton détaché :
- J'ai terminé d'analyser ces échantillons, je vais voir mes patients.
Elle ne répond pas, ce qui ne me surprend pas.
J'allais devoir rendre une petite visite aux Lenno pour avoir des réponses et les prévenir du danger qui plane au-dessus de leur tête.
Pour l'instant la sale garce se contente de petits échantillons mais si ses travaux nécessitent de plus gros prélèvement, je suis convaincue qu'elle n'hésitera pas à employer la manière forte pour les obtenir...
♦♦♦
Lorsque je rentre du travail, j'aperçois Sköll et Hati en train de se serrer la main. Qu'est-ce qu'ils manigancent encore ces deux-là ?
- Salut les garçons ! Qu'est-ce que vous faites ?
- Mais rien mam... Euh pourquoi t'es grosse m'man ? me demande Hati en fixant mon ventre. Aussi subtil que sa mère celui-là ... - Je ne suis pas grosse, il y a votre petit frère ou votre petite sœur qui grandit en ce moment même dans mon ventre. - Haan trop bien ! s'écrie Sköll. Je peux toucher hein m'man dis oui ! - Bien sûr que tu peux mon chéri.
Je suis toute émue en sentant ses petites mains sur moi, son visage rayonnant de bonheur.
Hati lui, se contente de regarder de loin. Il n'ose pas approcher mais je sais qu'il a envie de faire comme son frère. Comme tous les loups il a l'esprit de famille, mais il ne le montre pas.
Après m'être assurée auprès dès garçons qu'ils ne s'éloignent pas de la maison, je rentre à l'intérieur où Eric fait la cuisine.
Aussitôt, la dispute de ce matin me revient à l'esprit. Je me mord la lèvre, ne sachant pas trop comment réagir. D'un côté je lui en voulais encore de ne pas s'être réjouit de l'arrivée prochaine du bébé, mais de l'autre je m'en veux de ne pas lui avoir laisser le temps de s'expliquer.
- Ca c'est bien passé à l'hôpital ma chérie ? me demande Eric. - Hein ? Oh euh... Oui ça a été. Enfin..., Je pense avoir découvert ce que manigance la blondasse.
Je raconte à Eric ma théorie, tout en faisant la vaisselle.
- Merde ! Ça sent vraiment pas bon tout ça dit-il une fois que j'ai terminé.
- Ouais...
S'approchant de moi pour me caresser la joue, il dit d'une voix douce :
- Je suis désolé de m'être comporté comme un idiot ce matin, je suis extrêmement heureux à l'idée de devenir papa pour la troisième fois. C'est juste que l'espace d'un instant j'ai... Ta première grossesse, la peur que j'ai ressenti à l'idée de te perdre toi et le bébé... Enfin... Les bébés corrige t-il avec un tendre sourire, tout ça m'est revenu en mémoire et l'espace d'un instant, j'ai eu peur. Pardonne-moi de t'avoir blessé.
Comment rester de marbre après ça franchement ?
- C'est moi qui suis désolée de m'être emporté je réponds en l’enlaçant. Comme d'habitude, j'ai agi sans réfléchir. Au lieu de te laisser le temps d'encaisser la nouvelle, je me suis braquée.
Eric me pardonne à son tour et si je n'avais pas entendu les enfants se chamailler dehors, je serais restée volontiers dans ses bras à humer son parfum boisé encore quelques minutes. Apparemment, Hati taquine son frère parce qu'il a invité une fille... Aujourd'hui il rigole mais il changera vite d'avis quand il sera grand.
Mais le plus tard sera le mieux... Pour l'instant, c'est toujours mon petit louveteau, tout comme son frère !
Plus tard dans l'après-midi, Jamie nous rend visite et comme toujours, ses excentricités nous font rire.
Et en fin de compte, peut-être que les petites bulles y sont vraiment pour quelque chose...
~ HATI ~
Sköll et moi ont est dans notre chambre quand j'ai une idée géniale.
- Hey frérot ! Lève le nez de tes dessins faut que j'te parle !
- Ah non hein ! J'en ai marre d'être toujours puni à cause de tes plans ! il râle. - Mais j'te jure tu vas adorer celui-là ! Demain à la cantine, on va organiser une bataille de nourriture. De toute façon, la bouffe est trop dégueu pour pouvoir la manger. - On va encore finir chez le dirlo avec tes conneries... - Depuis quand t'es devenu une poule mouillée ? C'est ta p'tite copine qui t'as lavé le cerveau ? Je le provoque.
- Tu dis n'importe quoi ! C'est pas ma p'tite copine et j'suis pas une poule mouillée non plus !
- Prouve-le demain ! Toi et moi on s'est juré d'être toujours complices, tu t'souviens ?! - Bah oui que je m'en souviens ! Bon ok je marche, mais y'a intérêt que ça nous retombe pas dessus ! - Yes ! On s'est mis à rire comme d'affreux génie du mal, ce qui nous fait encore plus rigoler. Y'a qu'avec mon frère que j'peux rigoler comme ça parce que lui il me comprend, pas comme tout ces autres idiots de l'école.
~ LICA ~ Qu'est-ce que j'ai fait à la Déesse pour avoir mis au monde 2 petites crapules ?!
L'école m'a appelé un peu plus tôt pour me dire que Hati et Sköll ont tenté de déclencher une bataille de nourriture à la cantine.
J'attends donc qu'ils franchissent le pas de la porte pour avoir une petite discussion avec eux. Au bout d'un moment leur odeur se fait plus présente, ce qui signifie qu'ils sont là . Je les entends piétiner derrière la porte.
- Pas la peine d'essayer d'entrer à pas de loup, je vous entends !
Venez poser vos petites fesses sur les chaises et manger votre poisson.
Comme ils avaient été envoyé chez le directeur, ils n'avaient pas pu déjeuner.
- Naaan pas du poisson s'exclament-ils en chœur.
- On ne discute pas ! Qu'est ce qui vous est passé par la tête bon sang ? Je vous ai déjà dit un million de fois qu'on ne joue pas avec la nourriture ! Vous, vous avez de la chance que votre père et moi on puisse vous acheter tout ce que vous aimez. Mais tout le monde n'a pas cette chance ! Il y a des enfants qui n'ont même pas un bout de pain à se mettre sous la dent.
Ils ne bronchent pas, se contentant de manger en silence.
- Vous serez de corvée de vaisselle durant les 15 prochains jours, et privé de télé jusqu'à nouvel ordre. Et ce, à partir de maintenant.
- Mais m'man... Un seul regard suffit pour étouffer dans l’œuf la moindre protestation. Épuisée par ma grossesse et par les bêtises des garçons, je file dans ma chambre me reposer. J'entends les enfants ronchonner mais l'eau qui coule et les assiettes qui s'entrechoquent me confirme qu'ils accomplissent leur tâche.
Je veux bien leur laisser une certaine liberté, mais là ils avaient dépassé les limites. En arrivant à Willow Creek, je n'avais rien. Je n'ai pas oublié d'où je viens et je veux que mes enfants comprennent la chance qu'ils ont d'avoir un toit au-dessus de leur tête et de la nourriture dans leurs assiettes quotidiennement. Et même si notre maison ne ressemble pas encore à la maison de mes rêves, elle représente tous les efforts que j'ai accompli pour m'en sortir.
Un jour, j'en parlerais aux garçons. De ça, et du fait qu'ils sont des Loups-Garous.
♦♦♦
Alors que je suis en train de prendre mon petit-déj’, je ressens une vive douleur dans le bas ventre. - Nom d'un loup-garou ! Eric ! Le bébé, il arrive !
- Quoi ?! Mais...!
- T'es sûre ? - Bah oui que j'suis sûre ! Aide moi à aller jusque dans la chambre. - Vous deux vous restez là , dit Eric aux jumeaux. - On pourra venir quand c'est fini papa ? demande Sköll.
- Bien sûr bonhomme.
Après m'avoir aidé à m'allonger, mon homme appelle Alice pour qu'elle m'assiste lors de l'accouchement. Hors de question d'accoucher à l'hôpital cette fois ! Pas avec la sale garce qui rôde dans les couloirs.
Bien des heures plus tard, je pénètre dans la chambre du petit bout de chou pour me pencher au-dessus du berceau. Deux grands yeux marrons me fixent.
- Coucou ma puce Je dis d'une voix douce. Il y a deux petits monstres qui aimeraient faire ta connaissance.
Eric, qui attends à la porte, appelle Sköll et Hati pour qu'ils puissent rencontrer leur petite sœur qu'ils n'avaient pas encore vu. - Les garçons, je vous présente votre petite soeur, Tala Wolf.